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ROMAdiva
album, 2004
Xlibris Corporation
Website: www.xlibris.com
Email: Orders@Xlibris.com Fax:610-915-0294 - Telephone: 1.888.795.4274 x 276 or 215.923.4686 Mail:Xlibris Corporation, 2 International Plaza, suite 340 -
Philadelphia, PA 19113 USA
ISBN : softcover 1-4134-5456-9 Hardcover :1-4134-5457-7
.
INSIGNIFICANT THINGS
by Sébastien Doubinsky
First:
the big blue stain
of the noon sky
hanging by my window
like a wet cloth
Then:
ten thousand words
on insignificant things
gathering around
the large white table
As:
I am waiting for you
and very carefully
looking at the sun
caught in the doorknob
.
PAR PRINCIPE DIVIN
de Daniel Michelson
aux bons pères blancs
sinueuse pente d’où s’extirpent
à mains lisses
soyeuses frondaisons des boutiques
dès lors je prends la tangente
décuple nos férocités
engrange les pas & compte les détritus
arrime le navire & coulent les flots
j’essuie un palabre
défais nos mitres & jette nos turbans
nous voici là & couchés & tout nus & à même le sol
à crier
ni dieu ni maître
Décembre 2003.
.
ROMAdiva
di Albert Russo
se ti scrivo oggi
è per la gioia che mi dai
ma anchè per tutti
quegli indicibili sentimenti
di un anima irrequieta
la serenità
dei saggi non è mia
era già scritto
nel grembo di mia madre
ne ho trovato la prova
incisa su un obelisco
cerco nelle tue pietre
un segno dell’infanzia
cara illusione
perchè nelle mie vene
scorre un fiume immane
quello del Congo
mi sento a volte
cosi estraneo
soprattùtto la notte
prima di addormentarmi
dev’essere la paùra di perderti
o di morire nelle tue braccia
ma non appena
mi rifletto nella la tua luce mattutina
s’incendia il mio cuore
e posso di nuovo
sognare ad occhi aperti
quando scotta il sole
micidiale di agosto
percorrendo la piazza
ho talvolta l’impressione
che mi vuoi mettere a nudo
o, peggio, impiccarmi
in mezzo ad una folla in delirio
pensi di farmi soggezione
con la tua altezzosa grandiosità
ed è vero che certi tuoi paesaggi
marmorei mi tolgono il fiatto
mi sembra allora gallegiare in apnea
ma prima che l’irriversibile accada
scappo nelle tue viuzze
per respirare il profumo della vita
quello della focàccia
appena uscita dal forno
del cuoio che il pelletiere
sta conciando con tanta minuzia
del mazzo di fiori
immerso in aqua fresca
dei fichi languidi e sciropposi
che stuzzicano le papille
dell’anguria piangente
tagliata in fette
c’è il sudore della mugniaia
e quello del giovanotto frettoloso
girando l’angolo del vicolo
sento la puzza di benzina
mescolata a quella di piscia
ed invece di turarmi il naso
ne riempio i miei polmoni
come se ingerissi un elisire
entrando nelle tue chiese
m’inginocchio davanti ai tesori
del genio umano
ed àteo che sono
mi dico che i tuoi artisti
erano tocati dalla grazia divina
ma non appena il prete
inizia la messa e fa il suo sermone
parlando di ‘noi poveri pescatori’
sento un oppressione sul petto
e gli occhi m’insanguinano
allora devo fuggire
da quella freschezza cosi giovevole
ributtandomi nel rogo pomeridiano
gli islamisti minacciano di distruggere
San Pietro ed il Vaticano
pensando indi di sradicare il catollicesimo
ma come i Talebani
che hanno fatto saltare
i due Buddha di Banyan
è lo spirito umano che si vuol annientare
nella sua gloria trascendente
ed Allah che si blasfema
quanto amo il cantellerio
delle tue fontane
spargi una pioggia di diamanti
sorgenti di speranza
la tua bellezza pero ingànna
o fà addiritura impazzire
non sono più sicuro
chè sii di questo mondo
dinnànzi a té mi sento cosi ùmile
e quàlchevolta anchè svuotato
ho il sentimento di non più poter ragionare
chè i miei pensieri si perdono
nei solchi delle tue immondizie
c’è in té una parte di crudeltà
perchè sai di essere eterna
mentre noi abbiamo i nostri umori
le nostre sofferenze
giochi con i nostri ricordi
e non appena te li offriamo
chè li scagli nel Tevere
dall’orto botanico
sotto le palme reali
godo del tuo splendore
e mi metto a fantasticare
di essere il tuo amante
fra il lusco e il brusco
quando ti vesti di scintille
diventi la mia bambola
lussuregiante
quanto vulnerabile
quasi umana
ma il sindaco si mostra geloso
possessivo
lusinga la tua vanità
ed a notte avanzata
ti risvegli
gridando la tua strapotenza
con fuochi d’artificio
e musica psichedelica
violentando l’intimità
dei tuoi antenàti
regalando ai passanti
gioie effimere
hai proprio bisogno
di corteggiarci
poveri mortali chè siamo?
uno dei miei ricoveri predilètti
è il laghétto
nel parco di Villa Borghese
seduto davanti al Tempio di Esculapio
ammirando la danza sottile
di un cigno solitario
mi viene la voglia di piangere
chiedendo al cielo perchè
tutti questi massacri
in Africa ed in Asia
perchè tanto odio
nel cuore degli uomini
perchè tante donne
debbano ancora
sottomettersi alla volontà
di quei milioni di maschi chè
credono altrimenti
di perdere la loro virilità
e allora concludo chè il paradiso
si trova solo
nel mondo degli angeli
ROMAmante, ROMAladra
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FRANCAIS
L' Ancêtre Noire
.
Parution en novembre aux Éditions Hors Commerce
“L’ancêtre noire” par Albert Russo - essai d’Eric Tessier
paru dans la revue Passerelles N.26
.
L’Afrique ou la quête de l’identité.
Pour qui veut comprendre Albert Russo, l’Afrique est la clé essentielle de son œuvre et de son être. Africain, Albert Russo
l’est, de par sa naissance dans ce qui était alors le Congo Belge, de par son éducation qui le vit naviguer entre Congo et Rhodésie, de par son amour enfin pour cette terre et ses
hommes.
L’ancêtre noire nous raconte l’histoire de Léodine, une fillette blanche du Katanga se découvrant des origines noires dans la
société coloniale Belge de l’après deuxième guerre mondiale, juste avant l’indépendance. C’est une des constantes des romans africains d’Albert Russo que de nous interroger sur ce qui constitue
l’identité d’une personne.
De nationalité Belge, né d’un père italien et d’une mère anglaise, francophone et anglophone de langues parentales, écrivant d’ailleurs dans l’une ou l’autre langue sans exclusive, Albert Russo
pourrait être un des héros de ses romans. Soyons franc, il l’est. La problématique qu’il développe est simple : dans un monde binaire, ou l’on doit être A ou B, noir ou blanc, comment appréhender les
différentes nuances du spectre de la vie ?
Comment être noir ou blanc quand on est noir et blanc ? Il ne s’agit pas ici de jouer sur les mots. La question qui vient d’être posée pourrait paraître banale, tant elle s’intègre dans le discours
lénifiant et moralisateur dans lequel nous baignons. Mais nous vivons une époque où les mots ne sont que des mots, les idées des idées, les deux étant confinés dans l’abstraction, comme si le fait de
les énoncer suffisait à régler la question. L’élément absent d’une telle vision est l’action. Ainsi, plutôt que d’agir, on change les mots pour escamoter ce qui nous gêne. Qu’est-ce qu’un noir devenu
black ? Un arabe rebeu. Nous sommes en présence d’une peur viscérale du réel et cette solution n’est qu’un leurre, une lâcheté qui consiste à mettre le plus de distance entre soi et le monde, qui ne
contentent que les autruches du politiquement correct et de la bonne conscience dégoulinante. Appeler un aveugle un non voyant ne lui rendra pas la vue. Appeler un paraplégique une personne à
mobilité réduite ne lui rendra pas la faculté de marcher. Il vaudrait mieux construire la ville de façon à ce que chacun puisse y évoluer en fonction de ses capacités. Mais là, nous serions dans
l’action, et l’action fait peur aux impuissants !
Comment être noir et blanc, donc ? Voyez un peu, pour comprendre, la situation des métis. Une fois qu’on a dit « quels beaux enfants ça fait, les mélanges de races, » on n’est pas plus avancés pour
autant. C’est qu’il y a impossibilité à admettre véritablement qu’on puisse être autre. C’est un paradoxe dans une société qui prétend cultiver les différences. Qu’on le veuille ou non, le plus du
métis (double culture, ouverture au monde) est vite perçu, socialement, comme un moins (pas vraiment d’une culture, ni vraiment d’une autre – tout est dans le vraiment). « Le métis n’est jamais
vraiment des nôtres, » disent les bonnes âmes. Et chaque partie le renvoie de l’autre côté comme on se renvoie une balle, l’ensemble s’accordant pour dire que, finalement, il n’est pas vraiment.
C’est la passerelle qui pourrait renforcer les liens entre êtres humains, et qu’on ne traversera jamais car, en même temps qu’on prétend la chercher, on nie son existence.
Comment trouver sa place dans une telle société qui croit qu’avoir des œillères, c’est être rationnel ? Car c’est de ça qu’il
s’agit en définitive. Pas uniquement de la couleur de la peau, mais de l’homme dans sa globalité et de sa place dans la société. Je me souviens d’une discussion où Albert Russo me parlait de la
sexualité au travers de son livre « L’amant de mon père, journal romain. » Comment, me disait-il, puis-je définir ce personnage ? Il est homosexuel, il est hétérosexuel, et alors… ? Il est sexuel, et
puis c’est tout ! Pourquoi le définirai-je ? Ce à quoi la société répond : Parce qu’il faut une définition pour qu’il rentre dans les cases (comprendre cages). Evidemment c’est Albert Russo qui a
raison.
Autre illustration de cette problématique, les déboires de l’auteur face à l’intelligentsia littéraire de notre bonne vieille
Phrance très rance. Comment être un auteur bilingue quand on pourrait appartenir à la glorieuse exception culturelle Phrançaise ? s’exclament en chœur momies ratatinées et jeunes mort-nés qui
trempent dans des tisanes fades et écoeurantes d’infâmes gâteaux secs rassis qu’ils prennent pour les Madeleines moelleuses de Proust. Pourquoi, lui dit un jour un auteur de langue hispanique, passé
avec le zèle du converti dans la franche cacophonie de la Phrancophonie officielle, naphtalinée et bien pensante, pourquoi m’adressez-vous la parole en espagnol ? Et comment pouvez-vous écrire en
français et anglais ? Il faut choisir, cher ami, prendre partie. J’ai abandonné l’espagnol car on ne peut écrire bien que dans un langage. Sans compter que votre démarche relève de la schizophrénie.
L’anecdote est drôle, pour qui connaît Albert Russo. C’est comme agiter un chiffon rouge (proscrivons le mot muleta) devant un taureau déjà furieux.
Eh oui ! Alors que tout un chacun, à grand renfort de pédanterie, passe sa vie à soustraire, Albert Russo, lui, additionne. C’est
qu’il a compris que les ailes sont faites pour être déployées, non repliées. C’est qu’il a compris que la gloire des petits faucons qui s’encapuchonnent eux-mêmes pour plaire à leur maître ne vaudra
jamais l’ivresse du piaf qui plane, libre. Toutes les décorations (légion d’honneur ou chevalier des arts et lettres) ne sont que jeux dérisoires de vieux garçons et fillettes mal grandi(e)s qui sont
resté(e)s dans la cour de récréation. Le problème est qu’ils n’ont jamais su et ne sauront jamais jouer !
L’ancêtre noire, c’est l’Afrique d’Albert Russo, celle qu’il a connue, qu’il porte en lui, celle qu’on retrouve dans ses autres
livres: “Eclipse sur le lac Tanganyika”, “Le Cap des illusions”, “Sang mêlé ou ton fils Léopold”.
Si l’on s’arrête plus particulièrement sur ce dernier livre, on comprendra rapidement que Léodine, l’héroïne de l’Ancêtre noire,
est le pendant féminin de Léopold, ce qu’on pourrait traduire par l’équation suivante : Léopold = Léo(pol)dine. Ou, autrement dit : noir et blanc se mêlent, masculin et féminin s’entremêlent dans un
métissage de peau et de sexe. Le fait qu’il s’agisse dans les deux cas d’enfants n’est pas un hasard. C’est que l’enfance entrant dans l’adolescence est ce moment précis de notre histoire où nos
caractéristiques personnelles et sociales s’affermissent ; corps et esprit deviennent sexués et l’enfant, en quelque sorte, naît à nouveau, dans ce sens où il s’éveille à son moi profond. Tout comme
les personnages d’autres romans d’Albert Russo, ceux qu’on qualifiera d’érotiques, comme l’amant de mon père et l’amant de mon père, journal romain, hétérosexuels, homosexuels... sexuels tout
simplement, eux aussi éveillés, enfin eux-mêmes au terme d’un parcours souvent douloureux, et métissés, mais d’une autre manière, le masculin et le féminin s’incarnant, tour à tour ou tout ensemble,
dans leurs corps, au gré de leur désir.
Je terminerais en tentant de résumer ce que symbolise l’Afrique d’Albert Russo pour moi. Un idéal tout d’abord: l’infinie diversité de l’humanité et la richesse qui en découle. Une quête ensuite: la
recherche de soi, de sa place dans le monde, et la nécessaire acceptation du Moi, quel qu’il soit, afin que l’épanouissement nous conduise à l’idéal (ou tout du moins nous en rapproche). Dans les
deux cas, un message profondément humain, fier et sans fard. Le regard de l’homme qui regarde, sans sourciller, le soleil en face.
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Paru dans Le webzine culturel indépendant Jowebzine.com en mars 2004
Philippe Sendek @ Jowebzine.com - Mars 2004
Sans avoir de nostalgie de l'Empire, Albert Russo dépeint un monde (l'Afrique Noire) qui n'existe plus. Son lyrisme et son classicisme nous en rendent la perte Irrémédiable.
Albert Russo est né dans les années 40 du XXe siècle, au Zaïre, de mère Anglaise et de père Italien. Il a travaillé dans les affaires, et vécu en
Afrique, aux Etats-Unis et en Europe. Il écrit aussi bien en anglais qu'en français.
Son dernier texte, L'ancêtre noire, est paru aux Editions Hors Commerce en décembre 2003, revient sur le terrain de son enfance et nous livre une
très belle réflexion sur l'Afrique des années 60 et sur le sens des origines.
Ce livre raconte l'enfance et l'adolescence de Léopoldine, fille de colons, née au Congo Belge. Léopoldine apprend à son adolescence qu'elle a du
sang noir dans les veines. Cela va changer sa perception du monde et l'entraîner dans une traversée des apparences au terme de laquelle elle devra changer de vie. Mals peut-on changer "qui l'on est"
?
Albert RUSSO est l'écrivain par excellence du métissage. Nous allons du noir au blanc, de l'homme à la femme, de l'Afrique à l'Amérique du Nord. Par le biais d'un récit classique, Il nous fait
réfléchir sur nos origines. La description qu'il fait, par exemple, du Rwanda et de la région des Grands Lacs incite à la réflexion. Cette région, telle qu'il nous la décrit, était l'une des plus
belles au monde. Or, nous la connaissons surtout aujourd'hui pour les massacres qui ont eu lieu entre Hutus et Tutsis. Russo nous parle d'un paradis perdu, là où nous nous souvenons de
l'enfer.
Peut-on quand on est blanche faire l'amour avec un noir sans qu'il y ait de conséquences? Autre question à avoir des incidences sur le
texte.
Si vous découvrez Albert Russo, vous aurez quelques pistes de réponses. Vous prendrez également connaissance d'un écrivain qui n'a pas peur
d'utiliser un style flamboyant, un style lyrique qui frappe par son pouvoir d'évocation.
Parfait analyste des couleurs, des odeurs, de la faune et de la flore, Russo l'est également des mouvements du cœur. Son portrait d'une jeune fille qui découvre son corps et le monde est
profond.
Y a-t-Il une raison pour laquelle Albert Russo, qui vit en France, n'est pas aussi connu et reconnu que Kundera ? Cette terre d'asile dont nous sommes si fiers sait-elle encore reconnaître ceux qui foulent son sol ?
FRANCAIS
L’Amant de mon père – Journal romain
roman, 2003
Editions Hors Commerce, Paris
144 pages
ISBN 2-907069-97-3 - Prix : 13 Euros
.
Cercle Poche
L´Amant de mon père. Les mots frappaient, et l´histoire était à la hauteur.
Contrairement à tous ces coups littéraires qui confondent accroche et racolage. Un titre coup de poing, un brin provocateur, ne suffit pas, il faut de la substance derrière. Et c´est ce que possède
Albert Russo. L´Amant de mon père - journal romain est la suite de ce roman. Une suite écrite parce qu´en littérature il en est comme en amour: certaines histoires ne sont pas terminées
après qu´on ait apposé le mot fin et réclament à être menées jusqu´à ce qu´elles estiment, elles, être leur terme. Ecrite également parce qu´au-delà de l´auteur, les lecteurs eux-mêmes la réclamaient
- pour preuve, les trois éditions successives en France du premier tome, et l’édition italienne, en 2002.
Nous retrouvons donc Eric Wangermée, l´amant, brisé par l´enchaînement fatal des événements qui firent se mêler la mort et l´amour, et virent le triomphe de la destruction portée à l´incandescence
d´une haine qui, circonscrite pendant des années à une portée psychologique, passa un jour à l´acte et entraîna le double meurtre qui clôt L´amant de mon père. Et dont Eric se vit accusé. A tort.
Brisé mais libre. Libre malgré une société féroce, dont les crocs luisent encore du sang des morsures qu´elle vous a infligées et dont les mâchoires claquent encore à vide, dans l´attente de venir à
nouveau fouailler votre chair pour se repaître de votre agonie et de votre souffrance... comme si l´innocence du pédé était plus insupportable que la culpabilité du meurtrier "dans la norme." Nous
sommes au-delà d´une simple question d´affrontement entre homosexualité et hétérosexualité, c´est la peinture du vrai visage d´un corps social qui dévoile ses assises : brutalité, rigidité,
intolérance. Ou, autrement dit, Travail, Famille, Patrie - la France a toujours aimé le maréchal Pétain! Peut-on lutter contre la bête bien-pensante ? Peut-être Eric Wangermée le pourrait-il, mais il
a à se reconstruire. Aussi, se sachant toujours condamné par la réprobation générale, bien que réhabilité par la justice, décide-t-il de quitter la France et de s´installer à Rome.
Les changements radicaux de contexte agissent souvent comme un électrochoc. Placé ailleurs, autrement, l´esprit semble gommer le poids du passé -
du moins temporairement. Sollicité par la nouveauté, il s´investit dans le présent et s´ouvre aux différentes potentialités d´un avenir qui rôde à chaque coin de rue. Il est comme neuf, en suspension
dans le cours de son existence, et cette plongée soudaine dans l´inconnu, cette soif de découverte, cette disponibilité à répondre à l´imprévu, c´est une façon de panser ses plaies, de se régénérer.
L´être d´hier existe toujours, mais mis à distance. La souffrance, bien que toujours présente, est comme anesthésiée, et si elle vous parcourt encore aux fins fonds des tripes, en vous pinçant
parfois dans un rappel cruel, elle n´agit plus qu´avec les forces déclinantes des combattants de l´arrière-garde. La vie vous submerge, insouciante et amorale, plus puissante que les ténèbres où l´on
se complairait parfois volontiers. L´énergie qu´elle ramène dans les veines balaie regrets, remords et culpabilité. C´est la poussée inexorable de la marée haute qui vient tout recouvrir, sans se
préoccuper, ni avoir à le faire, de ce qu´elle engloutit. Eric Wangermée nage dans Rome, éblouit par la ville - cité verticale, éternelle sur l´échelle de l´histoire, horizontale dans sa
configuration moderne -, et ses habitants qui, de Petrone à Fellini, perpétuent l´art théâtral de la vie à l´Italienne. Il finit par rencontrer le trio de mousquetaires gay dont il va devenir le
d´Artagnan : Sven le Suédois, Ménélik l´Ethiopien et Alfiero le romain. Ou le chien dans un jeu de quilles. Car, dans ce ménage à trois, qui a trouvé après bien des atermoiements un équilibre entre
sentiment amoureux, tolérance et jalousie, il va jouer le rôle d´un tsunami sur les côtes japonaises.
Les ébats érotiques - qu´Albert Russo décrit comme peu savent le faire, l´oeil pétillant, la langue égrillarde pimentée d´une sensualité qui, tout en étant crue, exclue toute vulgarité - déclenchent
la passion, et tel qui hier était objet de convoitise se morfond aujourd´hui dans la position de l´amoureux transi. Les rôles tournent. Sven, qui pleurait l´intrusion de Ménélik dans sa relation avec
Alfiero, qui puisa dans les ressources ultimes de ses réserves d´amour pour vouloir non plus uniquement son bonheur à lui, mais aussi celui de son amant, même si cela passait par l´acceptation d´une
troisième composante, prend soudain une dimension que ses congénères ne lui (re)connaissaient pas. C´est que le coup de foudre qu´il ressent pour Eric le transcende. Magie de l´amour! Magie étrange
de l´amour menacé ! Car voici que l´habitude est bousculée, voici que celui qu´on voyait sien pour une éternité s´enflamme et brûle par la même occasion la quiétude d´une routine heureuse mais
tournant - peut-être - en rond. La problématique, bien sûr, c´est : le bonheur est-il durable ? Quel poison le quotidien distille-t-il dans la passion et dans quelle mesure ce poison agit-il comme un
éteignoir?
L´adjectif "érotique" est né sous ma plume, quelques lignes plus haut. Ce n´est pas un hasard, évidemment. Car l´érotisme a une place importante dans ce roman en particulier, mais aussi plus
généralement dans l´oeuvre d´Albert Russo. Tout simplement parce qu´il fait partie de l´existence et de ses plaisirs. Je me souviens d´une discussion que nous avons eu, Albert Russo et moi, où il me
raconta qu´on lui reprocha un jour d´avoir mêlé du sexe à un texte que son interlocuteur d´alors qualifia de "sérieux". C´est que dans un texte "sérieux", on ne s´amuse pas, on a des pensées
profondes qui jamais ne descendent en dessous de la ceinture. Et pourquoi les deux s´excluraient-il ? rétorqua notre auteur, mi amusé mi ulcéré. En effet, pourquoi ? L´impact d´une réflexion est-il
atténué parce que juste après, celui ou celle qui l´a faite va lutiner sous la couette ? Stupidité, stupidité, quand tu nous tiens... Erotisme donc. Les scènes chaudes du texte le sont d´autant plus
qu´un malicieux clin d´oeil de l´auteur les fait débuter dans un sauna. Sven et Eric se découvrent, à l´initiative de Sven - un Eric surpris qui se voit proie, lui plutôt chasseur, et un Sven aussi
étonné qui sent s´épanouir en lui un amour bien plus que charnel, bien qu´ayant pris corps dans la chair de son amant. Crudité mais pas vulgarité. Un parallèle entre la chair et la chère... la bonne
chère... me vient à l´esprit. Pas très original mais parlant. Le style d´Albert Russo se nourrit de ce qu´on peut appeler la sensualité des plaisirs de la vie. La chair et la chère, quoi de plus
organique et en même temps de plus poétique ? Exemples frappants : les descriptions culinaires chez Albert Russo vous font immanquablement saliver tant elles sont lyriques - la table s´accompagne
d´un plaisir esthétique, qui combine la vue, l´odorat, le goût, les mots peignent comme gouache ou huile, ils rissolent, chantent dans la poêle, étalent leurs couleurs dans les assiettes, et l´on se
sent, juste après la lecture, bien rassasié, l´estomac satisfait comme si l´on avait effectivement participé aux agapes décrites.
Organique et poétique! Toujours, ces deux notions, à table ou au lit, s´entremêlent dans les phrases que nous concoctent Albert Russo. Toujours, il tend à s´élever au-dessus de l´organique, sans pour
autant le nier ni le renier. En quête d´équilibre entre les deux aspects, tout en sachant qu´il n´est de vrai plaisir que dans le déséquilibre... Raffinement d´esthète ! Qui n´a pas peur du mot, ni
de l´acte. Ni de l´excès. Mais ne sombrera jamais dans la médiocrité des orgies pitoyables dont nous abreuvent une bourgeoisie parisienne s´encanaillant dans ses salons, et dont l´unique fait d´arme
est de se faire tringler tant et plus pour mieux nous revendre la misère de son néant.
Avec Albert Russo, l´humain prime. Ce qui finalement est très subversif. Et beaucoup plus intéressant.
FRANCAIS
Zapinette chez les Belges
roman, 2002 - Editions Hors Commerce, Paris - 142 pages
ISBN 2-910599-96-5 - 10 euros
Passerelles + Mensuel littéraire et Poétique (versions différentes).
par Jean-Luc Breton.
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Jeannette Villiers, surnommée Zapinette pour son amour ‘invertébré’ des média, est, ses anciens lecteurs s'en souviendront, la narratrice et l’héroïne de deux romans d'Albert Russo, publiés chez le même éditeur, Zapinette Vidéo et Zapinette à New York . La voici de retour, dans de nouvelles aventures, sous d’autres cieux. Après l'Italie et New York, elle visite la Belgique, toujours aussi intransigeante et tonique, toujours aussi amusée par les adultes, qu'elle regarde se livrer à leurs bizarreries “zoétriques” avec le même détachement critique et la même sévérité.
On redoute souvent qu'un créateur utilise l’écriture, ou le tournage de films, en série pour masquer le tarissement de ses capacités d'invention. Que les admirateurs de Zapinette se rassurent: il n'en est rien ici, et la tendre mégère n'a rien perdu de sa force ni de sa verve. Toujours flanquée de son Docteur Watson, l'oncle-caméléon Albéric (Alberico-Alberijk), la voici, les yeux toujours grand ouverts, occupée à noter de nouvelles différences, de nouveaux comportements “hors homme”. Ce calembour, nouveau me semble-t-il, s'applique parfaitement au premier volume, où notre héroïne découvrait I'homosexualité de son oncle. A New York, elle se retrouvait amoureuse d'un jeune Américain d'origine asiatique. Dans la même veine, Zapinette chez Les Belges est une réflexion, extrêmement bienvenue, sur les relations entre les peuples ou les communautés linguistiques, en particulier à la lumière du passé colonial du pays, qui a dans le roman, un rôle fondamental. Cela n’étonnera pas qui connaît les romans africains d'Albert Russo, écrivain né au Congo Belge, très marqué par ses paysages d'enfance et I'harmonie édénique de I'Afrique Centrale dont, comme l’un des personnages de Zapinette chez les Belges , il se souvient:
“II avait la nostalgie du bon vieux temps ... Figurez-vous que je connais des Congolais d'une plus jeune génération que la mienne, certains sont même nés après l'Indépendance, qui souhaiteraient revoir les Belges retourner là-bas, afin de mettre de l'ordre dans leur foutoir, car les anciens continuent de leur répéter combien ils vivaient mieux à l’époque, sans guerre ni famine.”
En regard, on découvre un autre paradis, celui de la nature, qui séduit étrangement l’héroïne, qu'on croyait jusque là plutôt ennuyée par le
voyage.
Elle qui à Venise n'avait vu que les chats et les crèmes glacées, la voici séduite et exaltée par I'Ardenne belge :
“Après tout, c'est peut-être ici le paradis - te fous pas de ma poire, hein, t'as qu’à venir sur les lieux, et puis, si j'en ai envie, on discutera! [... ] Notre cousine avait emprunté le chemin de la réserve naturelle pour que nous puissions admirer quelques uns des animaux sauvages d’origine, introduits dans le parc assez récemment. C'était superbe.”
Comme on le voit, malgré ses brèves périodes contemplatives, notre écrivaine a la dent dure, à l’égard de ses lecteurs comme de son oncle (“il me les casse”), de leur complice, la cousine doublement Germaine, ou du reste du monde, avec une haine toute particulière pour ses confrères “pantalonesques”, les “vieux shnocks de l’édition, les critiques, “qui lisent avec trois paires de lunettes superposées sur leurs pifs en accordéon”, pour dénicher “la petite bête littéraire” et surtout sa cible favorite, les académiciens français, “loucheurs” et “rabougris”, qu'on devrait pousser “sous les moquettes”. M ais on lui pardonne beaucoup, parce que sa culture fine du calembour la rend une excellente détourneuse du sens, décoiffante certes mais avant tout tonique.
Zapinette paraît parfois naïve, mais on la soupçonne davantage de manipulation. Elle est très consciente que certains de ses tours et détours verbaux ont été appréciés de ses lecteurs (“depuis les belettes”, “grand du loquant “, “mot sessuel”, etc.), elle les livre donc sans vergogne ni explication. En revanche, elle n'hésite pas à soigner la présentation d'autres trouvailles (“un sot briquet, vraiment très sot!”, “une rougeur à faire pâmir même les betteraves, tellement il se biberonnait à la Mort subite”) ou à chercher avec ses lecteurs “des clins d'oeil à perdre à jamais le blanc de[s] yeux”, comme lorsqu'elle signale que, dans un tableau de Brueghel, “les gens faisaient leurs besoins devant leurs pairs (verts)”.
Face à la différence”sessuelle”, Zapinette se donne la même règle que le personnage de Diderot qui affirme “Tout ce qui est ne peut être ni contre nature ni hors de nature”. En toute occasion, elle lit le grand livre du monde et essaie de comprendre les attitudes “babouinesques” des hommes à la lumière de cet autre Eden. Dans son esprit, ce ne sont pas les animaux, mais les touristes qui sont des “bêtes”, et seul un homme pouvait se faire construire Saint Pierre de Rome dans son village natal de “Yakamassacrer”. En fait, c’est pour lutter contre la dépravation de la nature par I'homme que Zapinette se livre à son tour à la dépravation du langage des hommes. Evoquant Oscar Wilde et feignant de confondre, comme à son habitude, “mot” et “homo”, notre écrivaine a cette étonnante formule: “A son époque, les mots étaient considérés comme des dépravés de la pire espèce.”
On comprend mieux sans doute pourquoi Zapinette se trouve si à I'aise en Belgique: c'est que la créativité linguistique du pays, “zoétrique”, “mastroiannique”, “boulimique”, fait écho à la sienne. Voici notre jeune parisienne blasée désormais séduite, au point qu'elle cite longuement, à la dernière page du roman, “la chanson du kipkap national”, et son:
Ils ne bouffent jamais des boîtes américaines
Ils n’ont jamais fourré dans leur bedaine
Que le bloempanch et I'kipkap national.
C'est d'une vraie prise de conscience culturelle qu'il s'agit, en fait. Dans ce troisième volet de ses aventures, la charmante héroïne d'Albert Russo passe du candide “Où il est ce paradis, à Disneyland peut-être?” à une réflexion vague mais troublée sur les “sataneries” du cinéma et les dangers du Coca-Cola: “Très mauvais pour les dents, [... ] ça donne plein de caries, mais là aussi, tu t'habitueras. Avant de pouvoir donner des leçons aux autres, il faut d'abord s'améliorer.”
L’auteur de cette transformation est un vieux fétiche africain du musée de Tervuren, entré en communication “télé-pattique” avec Zapinette. Et cela est d'une importance capitale. Plus encore que le plurilinguisme du royaume, ce qui aide l’héroïne du roman à grandir, c'est la rencontre du passé colonial belge. La cohabitation harmonieuse des hommes et des races lui apparaît possible, sans doute pour la première fois de sa courte vie, “à condition, bien sûr,” selon les derniers mots du roman, “que tu ne te moques plus de tes copains de classe et que tu cesses de traiter qui tu sais de sale cochon.”
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Postface d’Eric Tessier
Zapinette est une drôle de petite fille, une sorte d'ouragan de la famille de la Zazie de Raymond Queneau et de la Marie-Marie de Frédéric Dard.
Un rêve d'écrivain! Un personnage trublion qui, du haut de ses douze ans, nous décrit le monde dans lequel, sérieux et naphtalinés dans nos conventions, nous évoluons. Zapinette, les conventions,
elle les dynamite! Avec toute la justesse de vue des enfants et cette logique qui nous paraît bizarre parce qu'absolue, sans concession. En fait, c’est nous qui I’avons perdu de vue la logique.
Malgré notre rationalisme, nos maximes et nos règles de vie (qui s’y conforme réellement, totalement?). Zapinette observe nos entorses, nos grands-écarts, nos contorsions pour tâcher de retomber sur
nos pieds, oublier qu’une fois de plus, nous venons de nous trahir. De trahir I’enfant qui est en nous et que nous ne voulons plus connaître. Au nom de notre statut d'adulte. Zapinette possède des
armes. Un jugement foudroyant, une intelligence des gens, une capacité d'indignation et de colère qui pulvérise l’adversaire. Et quand l’énergie est trop forte, qu'elle est au bord de l'implosion,
elle se toume vers son paratonnerre:Tonton. Ah son Tonton! Comme elle I'aime. Tout en illustrant avec constance le proverbe “Qui aime bien châtie bien”. Car il en voit de toutes les couleurs, le
brave homme. C’est qu'il n’est pas habitué aux enfants, il n’en a pas. Et qu'il a beau représenter le monde des adultes, il est depuis toujours dans la marge, dans la lune, hors de tout. Et puis, lui
aussi il I'aime, sa Zapinette. On peut même dire que sans en avoir I’air, il lui donnerait quelque chose qui ressemblerait à une éducation. Une éducation solide, faite de liberté, de fantaisie et de
culture. Qu'il comblerait le vide de ces papas que maman n’arrive pas à garder. Ou ne veut pas garder. Zapinette le sait bien, même si la “féministe” qu’elle est le houspille souvent. Trop mou, trop
ci, pas assez ça.
Albert Russo nous offre un personnage jubilatoire, avec un coeur énorme (à la mesure de ses colères, et elles sont nombreuses). Avec talent, il nous le montre à travers les yeux sans complaisance
d'une enfant. Et c’est une réussite. Car le regard est bien celui, recréé, d'une gamine qui ne comprend pas toujours ce qui se passe. Ce n'est pas de son âge, dans le sens où ça ne fait pas partie de
ses préoccupations. Et pourtant, se dessinent devant nous des portraits d'une grande finesse, des personnages riches (Tonton encore une fois, Maman si humaine dont la quête d'amour touche - et la
description de la condition féminine est si bien écrite, etc ... ).
Et puis il y a le langage. Du grand art. Albert Russo joue des mots en virtuose. Comme pour dénoncer (avec humour) les travers de notre société, Zapinette est un vecteur (je n’ose imaginer ce que
Zapinefte me lancerait au visage comme insulte si elle découvrait que je I’ai appelée “vecteur”!) idéal. Elle ose tout. Tord le vocabulaire, invente des mots. Mais jamais de manière gratuite. C’est
qu'elle traque leur “substantifique moelle”. Avec une créativité bouillonnante.
Les aventures de Zapinette sont censées être écrites pour des lecteurs de 10 à 14 ans (de 10 à114 ans, hurle notre petite diablesse). Franchement, c’est tellement drôle, tellement bien écrit, avec
plusieurs degrés de lecture, qu'on peut s'en régaler à tout âge. Ce serait vraiment dommage de s’en priver.
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EUROPE PLURILINGUE par Nadine Dormoy
Voici deux ans que Zapinette est revenue de New York en compagnie de son oncle Albéric, après avoir fait en sa compagnie un voyage inoubliable en Italie. La voilà aujourd'hui chez les Belges, toujours à I'affût du détail qui dérange, toujours prête à la répartie, toujours fidèle à son tonton Albéric dont le véritable nom flamand - puisque telles sont ses origines - est devenu Alberijk van den Bins. Qu'à cela ne tienne, “à partir de maintenant je I'appellerai Tintin Bins, déclare la sauvageonne à la langue pointue, ça lui apprendra, il n'avait qu'à pas aller fouiller dans ses archivesgynécologiques ”!
Le ton est donné, nous retrouvons le langage fleuri et acidulé de I'adolescente qui n'en finit pas de faire mûrir son âge ingrat. La raison de ce nouveau voyage hors de I'Hexagone est que le cher tonton Albéric vient d'avoir 45 ans, âge auquel il est destiné par testament à recevoir un coffret ayant appartenu à son arrière grand-père flamand. Voilà bien de quoi éveiller la curiosité des jeunes amateurs d'aventures auxquels est destiné ce récit. Et puis nos amis belges sont, bien sûr, un sujet en or. Source inépuisable de surprises et d'amusement, le pays du Chat et de Tintin est un paradis pour les linguistes. Le lieu invite à I'humour - c'est la meilleure défense des faibles contre les forts - ainsi qu'aux jeux de mots, puisque I'apport flamand est un ingrédient essentiel de I'histoire et de la culture du plat pays. Albert Russo connaît parfaitement le patois bruxellois - qui compense avec bonheur celui des technocrates du lieu - ainsi que le flamand, ce qui lui inspire mille calembours à mettre dans la bouche de Zapinette et de son oncle, avec une aisance absolue doublée d'une imagination jubilatoire. A Knokke-le-Zoute, Zapinette devient Zapinette-ke. Elle devient aussi la légataire de I'arrière grand-père, son oncle n'ayant pas de descendance. S'imaginant déjà propriétaire d'un château, elle ne tarde pas à déchanter. Le fameux trésor n'est autre qu'un fétiche africain rapporté du Congo, et qui a d'ailleurs disparu. Il incombe désormais à cette lointaine héritière de le retrouver. Mais pour en savoir plus, Zapinette devra se résoudre à faire toumer les tables et à entrer directement en contact avec ce cachottier d'arrière grand-père.
Nous n'en dirons pas plus sur les péripéties de cette chasse au trésor qui passiomera sûrement les jeunes lecteurs. Nous constaterons sirnplement que le véritable trésor que nous offre ce livre - jeunes et vieux confondus - c'est une langue succulente pleine d'invention, d'esprit et de poésie, renforcée en fin de volume par un savoureux lexique qui nous permet de la déguster à loisir. En réalité, point n'est besoin, la plupart du temps, d'un lexique pour reconnaître, ou deviner, le bijoutier Van Clips & Trapèze , un personnage grand du loquant , mot sessuel ou métérosessuel , qui est pusi-minime de surcroît, discutant du chaud biz , du péché d'insecte , de Samson et Dalida ou bien encore de Bernadette la Spirou . En voilà des sots briquets rock en burlesques ! Pour les lecteurs plus avertis, on reconnaîtra Gaspigrassouille (Gallimard, Le Seuil, Grasset), Fifi Ambre-Solaire (Philippe Soflers) ou encore Bébert du Pont-levis (Bernard-Henti Lévy).
Même s’il s'adresse en priorité aux lecteurs de 10-14 ans, ce livre sera entendu des 10-94 ans sans aucune réserve, tant la langue est riche, inventive et parfaitement maîtrisée, tant le texte, si rocambolesque soit-il, regorge de renseignements et d'enseignements utiles. Il pourrait servir dans bien des classes dites difficiles afin de bousculer un peu l'ennui du quotidien et faire rêver les gamins à un voyage possible, plus intéressant peut-être que la Belgique, à la découverte d'un pouvoir somme toute à la portée de tous, celui de l'imaginaire comme aussi celui du rire libérateur. Ce monde parallèle à plusieurs niveaux, dont I'absurde et le merveilleux peuvent nous aider à mieux survivre, pourrait bien faire l'objet un jour d'une thèse de linguistique en Sorbonne aux côtés de Queneau et de Prévert. C'est une réussite parfaite en son genre, un genre nouveau, un conte de fées pour notre temps.
mot écrit par Christine Desroches Noblecourt: historienne de réputation internationale, ancienne directrice du département des Antiquités égyptiennes au Louvre et fondatrice du concept de patrimoine
mondial. Elle a aussi été à l’origine du sauvetage des temples de Nubie et a publié de nombreux ouvrages, dont “L’art égyptien”, “Un siècle de fouilles françaises en Egypte”, “Ramsès II”, et “La
Reine mystérieuse - Hatshepsout”, son dernier bestseller historique.
“En lisant les aventures belges de cette nouvelle Zazie, j’ai eu la délectation de retrouver la richesse d’une langue complémentaire de celle des ancêtres de l’Académie Française et l’humour du bon Belge, beaucoup plus léger qu’on ne le pense. Mais à travers ces expériences que le Tonton veut faire vivre à sa chère Zapinette, la richesse de la pensée de l’écrivain donne, sous couvert d’une bonne blague, une agréable leçon de sagesse et un sens aigu de l’observation.”
FRANCAIS
L’Amant de mon père
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roman, 2000 - Editions Le Nouvel Athanor - 50, rue du Disque - 75013 Paris, France - tél 01 4570 8384 - fax 01 4543 7391
144 pages - ISBN 2-907069-74-8 - Prix: 79 FF - 12.04 Euros - 15 US$
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Reviewed in WORLD LITERATURE TODAY - USA, Summer 2000
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Available also on the Web's main francophone bookstores.
Présenté, avec lecture d’extraits, sur France Culture (“Clair de Nuit”), Televita, RTL - Italia - Recensions dans : Mensuel littéraire et poétique, Encres Vagabondes, Europe Plurilingue, Cahiers du Sens, La Nef des Fous, Men, Illico magazine, la prestigieuse revue internationale World Literature Today (USA), entre autre.
“L'Amant de mon Père est le premier roman post-modeme d'Albert Russo, ce qui ne laisse pas de surprendre lorsqu'on est raisonnablement familier de I'auteur et des univers qu'il sait d'ordinaire évoquer, avec des mots justes et choisis, en quelques traits. Dans ce nouveau roman, l'écrivain endosse I’ habit délibérément contemporain de I'auteur-montreur de marionnettes, qui cherche à embrouiller ses lecteurs dans une intrigue en miroirs qui lui fait voir, au fond d'abîmes qui ouvrent sur d'autres abîmes, l'isolé et risible portrait de lui-même. L'Amant de mon Père n'est cependant pas qu'un jeu adolescent. Il est aussi une libération également d'un modernisme absolu. Les trois personnages homosexuels du roman ont une totale crédibilité, y compris quant à leurs sentiments. L'amour des trois hommes, consommé ou impossible, obtenu ou désiré, est présenté dans une simplicité évidente, qui le rend crédible.”
Jean-Luc Breton
“Que feriez-vous si vous découvriez un beau jour que votre père a vécu avant votre naissance, une passion dévorante pour un autre homme, un certain Eric? Cette question, Frank, jeune hétéro parisien, se l’est posée de multiples fois avant de mener l’enquête. N’arrivant pas à confronter son père, il se met à chercher Eric. Il le rencontre complètement par hasard et devient, à son tour, son amant, vingt ans après son père.
Albert Russo, célèbre romancier (“Zapinette“, c’est lui), signe avec “L’amant de mon père”, un très beau roman, tragique, bouleversant, dont on ressort la gorge nouée. Un livre sur l’identité, plein de suspense, qui ferait un bon sujet de film.”
Luc Saix
FRANCAIS
Zapinette à New York,
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roman, 2000 - Editions Hors Commerce, Paris -
116 pages - ISBN 2-910599-71-X - FF 60
EUROPE PLURILINGUE (Paris, 2000)
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Quiconque a lu ZAPINETTE VIDEO ne peut s'empêcher désormais de se demander ce que dirait Zapinette toutes les fois que se présente une situation absurde, pénible ou imprévue de la vie quotidienne. Car Zapinette nous aide à sourire même lorsque la routine journalière ou bien la déprime et la frustration face aux événements du monde menacent notre équilibre intérieur.
Aujourd'hui, voici Zapinette plus mordante et plus délurée que jamais face à la statue de la Liberté, l'Empire State Building et Central Park,
mais aussi dans les recoins plus sombres de la "Grande Pomme". L'originalité de cet itinéraire est qu'il nous mène, c'est le moins qu'on puisse dire, hors des sentiers battus.
A l'occasion d'un kidnapping que l'on pourrait qualifier de trop bien réussi, le monde de Chinatown dévoile ses secrets et projette déjà l'avenir grandiose de la Chine sur fond de déclin américain.
C'est dans ce New York post moderne, cité de toutes les libertés et de toutes les dérives, que Zapinette peut donner libre cours à sa verve moqueuse et s'étonner elle-même de son audace. Mais le
Tonton qui l'accompagne est déchaîné, lui aussi, si bien que nous sommes incités à faire en leur compagnie une grande cure de défoulement. C'est une gymnastique du cerveau qui se pratique de moins en
moins, au grand dam de l'esprit critique et du sens commun, celui-là même qui était selon Descartes "la chose du monde la mieux partagée". II est allègrement bafoué tous les jours, mais ici
l'absurdité même des situations lui redonne toute sa force et sa pérennité.
Trêve d'hypocrisie! Zapinette met d'instinct le doigt sur le point douloureux de notre inconscient collectif, elle dit l'évidence aussi bien sur la France que sur les Etats-Unis pour quiconque les regarde d'un oeil neuf. Les voyages forment la jeunesse, bien sûr, et aussi pourquoi pas les autres âges de la vie, c'est pourquoi le dépaysement de la nièce et de l'oncle au pays des hot dogs et du beurre de cacahuètes donnent à ce nouvel épisode de la vie de Zapinette une saveur particulière. L'auteur maîtrise à la perfection le style satirique qui lui est propre, un ton entièrement en harmonie avec le vif, pourrait-on dire, du sujet. Puisque tout ce que le vingt-et-unième siècle nous promet de merveilles technologiques et de maux psychiques nous est déjà donné à voir à New York. Zapinette et son fêlé de Tonton s'y retrouvent comme poissons dans l'eau. Nous suivons leurs aventures comme feraient des accros de l'écoute téléphonique, témoins invisibles pris de tournis, cramponnés au toboggan ou aux montagnes russes de notre enfance revisitée à l'âge du cyberespace.
C'est le grand talent d'Albert Russo que de nous faire participer tout naturellement à son récit, de nous faire accepter les situations les plus rocambolesques comme quasiment allant de soi, en nous maintenant dans une zone évanescente qui se situe à mi-chemin de l'imaginaire et du réel. Les lapsus freudiens d'une gamine ramènent le lecteur à ses propres fantasmes et à ses questionnements secrets, ou à ce qu'ils pourraient être. La qualité poétique est ici l'alliée de la satire, elle nous élève, prend ses distances et plane comme le géant au pays des Lilliputs.
Comme souvent dans les couples mal assortis, ce n'est pas forcément celui qu'on croit qui assume le rôle viril, ou le rôle de l'adulte. Jouer à être quelqu'un d'autre, c'est une invitation qui ne se refuse pas. Pour dire la vérité, il nous faut porter un masque, et ce masque, ce déguisement, nous sont apportés par la seule magie des mots, mots détournés, mots inventés, mots découpés, dont le pouvoir est à la fois destructurant et salvateur. Faut-il évoquer ici Alice au Pays des Merveilles? Oui, dans la mesure où nous pénétrons avec Zapinette dans un "ailleurs" où les paroles se rencontrent comme des personnages, où les images surgissent comme des acteurs émergeant des coulisses, et changent tout d'un coup la couleur des événements, leur sens, leur contexte, par un simple jeu de mots, un détournement sémantique.
Zapinette, malgré son ton gamin, n'est donc pas à prendre à la légère. Dans sa version pour la jeunesse elle est à l'image de Candide une fable sur le mal du nouveau siècle, sur le mal dans sa peau, sur le mal de l'âme, sur les rêves qui sont aux confins du cauchemar. S'offrir des jeux de rôles, ce n'est tout compte fait qu'échanger un personnage pour un autre et ici faire le choix de celui qui rit, ou qui fait rire, pour garder le goût de la vie.
Nadine Dormoy
LES CAHIERS DU SENS (Paris, 2000)
Il y a quatre ans, Albert Russo nous avait offert Zapinette Vidéo, le roman d'une enfant délurée, qui promenait son regard faussement naïf et tendrement insolent sur les adultes, et s'amusait à les
ridiculiser au moyen de leur arme de prédilection, les mots. Elle avait remarqué à quel point les adultes ne voient pas plus loin que le bout de leur vocabulaire et s'était construit une langue bien
à elle, à la syntaxe à peu près identique à celle du français parlé, mais où les mots existent en fonction d'un code personnel, mi-touchant, mi-comique, qui faisait tout l'attrait de la narratrice,
trop jeune et trop fragile pour trouver du charme à notre langue de bois et y substituant une langue de chair. Elle déclarait par exemple: "Je n'ai jamais compris pourquoi, mais lorsque les vulgaires
s'insultent, c'est souvent des propos génitaux qu'ils tiennent [...] Ils pourraient pas se lancer: "Mon jardin est sûrement plus beau que le vôtre" ou "Je parie que vous n'avez même pas d'animaux
domestiques chez vous", etc. ?
Le charme de ses jeux de mots nous amenait à nous regarder vivre et parler, peut-être à nous rendre compte que nos codes linguistiques "branchés" étaient tout aussi déviants que ceux de Zapinette, et tellement plus pauvres. Que valent les "keums ", les "meufs", les "gays" et le "pacsés" face aux "déflagrations de lit", aux "amnésiatiques" ou aux termes "ethnologiquement corrects" qui truffaient parmi mille autres trouvailles, la langue du roman?
Petit à petit, de page en page, Zapinette grandissait, jusqu'à la terrible épiphanie de la fin du roman, où en quelques minutes d'intervalle, elle se faisait traiter de "putain" par une "vieille geisha", puis racoler par "un mec à queue de cheval" alors qu'elle attendait son oncle devant un magasin. Elle devenait à son tour "un clown sessuel", ce qui mettait sa fibre féministe et sa soif farouche d'indépendance en ébullition, et marquait la fin inéluctable de l'enfance.
Le lecteur de Zapinette Vidéo percevait aisément le plaisir qu'Albert Russo avait eu à l'écriture du roman, qui débordait d'esprit et de joie de vivre. Il ne faisait donc guère de doute que l'écrivain aurait envie de reprendre la plume pour une deuxième Zapinette. C'est maintenant chose faite, et notre héroïne poursuit ses aventures à New York.
Deux écueils guettent l'auteur d'une suite, la répétition et la surenchère, aussi fatale que les Charybde et Scylla de l'Odyssée. Mais Albert Russo est un navigateur impeccable, qui évite les deux, et poursuit, simplement un bout de chemin avec son héroïne, avec autant de réalisme psychologique que dans le premier roman, puisque, dans Zapinette à New York, la narratrice se réconcilie peu à peu avec sa féminité et avec ses désirs, pour finalement, avec pudeur et humour, tomber amoureuse "que ça dégoulinerait sans arrêt" et devenir écrivain, puisque celle qui avouait dans Zapinette Vidéo "Je ne suis pas si sûre que ça que je voudrais faire ce travail", conclut le second roman sur l'annonce d'un troisième: "Dans mon prochain bouquin, tu connaîtras (peut-être) la suite" !
Rien d'étonnant à ça. Lorsqu'elle vitupérait les adultes, elle leur reprochait au fond le fait d'en aimer d'autres qu'elle, d'où sa déviance linguistique, qui n'était pas toujours de l'ignorance, mais correspondait avant tout à un désir de se faire entendre en tant qu'être humain unique et original. C'est lorsqu'elle se trouve en face d'une copie conforme d'elle-même, en plein New York, que ses résistances cèdent et qu'elle se livre sans façon à la "narcisserie" d'en aimer un autre, jusqu'à en oublier sa mère désolée dans son lointain Paris et laisser impunément son oncle Albéric vivre sa propre aventure ailleurs ("Et il faudrait en plus que je sois le gardien de mon oncle, sans télécommande, quelle ratatouille!").
Ses jeux de mots sont eux-mêmes d'une autre nature, plus téléguidés, moins naïfs. Zapinette est consciente de son talent particulier, elle a connu un certain succès grâce à "ses mémoires", elle traite avec des éditeurs et a concouru pour "le Prix Jeune Gonzesse, car son style est soi-disant naturiste". Elle est encore d'une créativité étonnante, mais ses trouvailles sont souvent au second degré. On pourrait citer des dizaines de jeux de mots zapinettiens, je me limiterais à quelques-uns, le théatre à l'italienne de Broadway aux "dorures à te donner des coups de soleil", où elle s'ennuie "en soupirant comme une tuberculeuse", une ancienne petite amie de son oncle qui a "un physique plein d'ingratitudes" et arbore "un tarin en forme de hangar", une autre, plus disgracieuse encore, comparée à un "acteur kabuki revenant d'une coloscopie".
"A du trente à l'heure", pour citer encore son héroïne, Albert Russo nous emporte dans une aventure fraîche et amusante, résolument moderne de ton et de facture, dans la ville de tous les possibles et de toutes les aventures, "un mâchigoulis de sorcières et de psychiatriques qui vous aide à vous purger de fond en comble", c'est-à-dire en fait qui permet de continuer à vivre et éviter "le suicide de monotonie".
Jean-Luc Breton
FRANCAIS
Zapinette Vidéo
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Roman, Editions Hors Commerce,
Paris (26, rue de Picpus - 75012 Paris - France tél: 43 41 77 93, fax: 53 17 08 21), 1996, ISBN 2-910599-10-2, 216 pages.
''... Ce livre est avant tout un exercice de style éblouissant, d'un effet satirique ravageur. L'auteur laisse libre cours à sa veine comique, à son invention verbale, à son ironie mordante, à son imagination poétique. Nous savourons au fil des pages une virtuosité de langage pleine de trouvailles, une dextérité dans les jeux de mots qui n'épargne rien ni personne, d'un effet comique désarmant et irrésistible.''
Europe Plurilingue
''... Ce roman hilarant est aussi un conte moral comme on en écrivait si bien au dix-huitième siècle. Votre Zapinette est un merveilleux personnage. Vous lui prêtez une langue cocasse, drue, d'une constante invention verbale. Bref, c'est un enchantement. Merci encore de m'avoir procuré ce grand bonheur de lecture.''
Gilles Perrault, auteur du 'Pull-over rouge 'et de 'Notre ami le roi''.
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Avant-propos de Jean-Luc Breton
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Zapinette Vidéo est âgée de 12 ans. C'est une petite délurée fin-de-siècle, goulue de jeux et d'ordinateur. Elle ne peut supporter Firmin, l'ami de sa mère, et s'affole lorsqu'elle apprend qu'elle va avoir un demi-frère. Elle n'a jamais connu son père et part à sa recherche avec son tonton adoré, artiste et farfelu, né en Italie du Nord dans la haute bourgeoisie lombarde, aujourd'hui modeste employé de la Poste. Ils feront ensemble un voyage en Italie à la recherche de leur passé. 'Zapinette Vidéo' est un roman à deux voix, celle candide et impertinente d'une fillette qui surfe sur la réalité virtuelle et rêve de gožter aux joies illicites de l'Internet et celle introspective d'un homme qui serait perdu sans sa nièce à ses côtés.
Extraits:
''... Qu'est-ce qu’il n’est pas bien dans sa tête parfois le pôv tonton. Comme tous les samedis après-midi, il est venu me chercher pour la promenade, il pleuvait que ça en ferait beugler les vaches les plus habituées. Tonton continuait de dire que c'était bon pour les agriculteurs, et les inondations c'est pas bon pour les escargots sans doute? Il aurait dž être un homard, tonton Albéric, surtout qu'il est rose comme cette bestiole. Mon cauchemar c'est d'être rapetissée comme dans le film et de devoir me défendre contre ce gougnaf des mers avec ses pinces exagérées. A les voir aussi effrayants dans les aquariums des restaurants - faut vraiment être timbrés pour les exposer comme ça, c'est pas des poissons rouges quand même ou des petites bêtes à bon Dieu - on se demande comment leur chair peut être si blanche et si tendre. Je sais pas pourquoi, mais quand j'en mange je pense toujours à la Vierge Marie et vous pouvez pas savoir le plaisir que ça me fait d'avoir l'impression à chaque fois de mordre dans la mère du petit Jésus, bien sžr, je ne dirais ça à personne, surtout pas au curé, car je ne voudrais pas être attaquée par la fatma religieuse comme ce pôv écrivain Saumon Rougi, seulement parcequ'il a osé blaguer à propos d'Allah et de Mohamed qui est son préféré, tout ça montre que malgré la télévision on peut plus s'exprimer librement aujourd'hui, d'ailleurs si ça ne cožtait pas si cher, je ne mangerais que du homard, matin, midi et soir.''
''... C'est inouï tout le plat que font les grandes personnes pour ce qui concerne la vie privée des gens. Et pourtant, je ne trouve pas tonton Albéric changé depuis que je sais qu'il est mot sessuel, il est toujours aussi bizarre et gentil qu'avant, ni plus ni moins. Bon, c'est vrai que je le regarde un peu plus souvent du coin de l'oeil, et ça doit lui mettre la puce à l'oreille, mais je ne peux pas m'en empêcher. Est-ce pour cela qu'il s'est jamais marié? Quoique maintenant, il y en a qui veulent se marier entre eux, en ayant, en plus, des enfants. J'ai vu un programme là-dessus à la télé, mais il y a plein de choses encore qui m'échappent. Comment ils font pour avoir des enfants, surtout si, à cause du sida, ils doivent mettre des capotes? Mystère et boule de chewing gum. C'est tout de même pas des kangourous. J'ai entendu Firmin dire qu'ils baisaient comme des phoques. Il m'intrigue, tonton Albéric. Faudrait malgré tout que je sois plus discrète, car je ne sais pas de quelle manière je le lui dirais s'il me faisait la remarque. C'est peut-être même parce qu'il est spécial que je l'aime bien, quoiqu'il ne soit pas toujours commode, le tonton. Ca ne doit quand même pas être facile d'être mot sessuel surtout que pour un oui ou pour un non on vous traite de pédé. Mais je dois continuer de faire semblant que je ne sais rien, même si ça me fait parfois mal aux dents de sagesse qui doivent encore pousser. D'ailleurs, je me demande comment les gens peuvent mentir comme ils respirent, moi, à force, j'aurais la mâchoire complètement décrochée...''
ENGLISH / FRANCAIS
Dans la nuit bleu-fauve / Futureyes,
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livre de poésie bilingue (en français et en anglais), superbement illustré par Ianna Andréadis et Karl Hagedorn, Le Nouvel Athanor, Paris, 1992, ISBN 2-907069-08-X, 168 pages, (50, rue du Disque - 75013 Paris - tél 45 70 83 84, fax: 45 43 73 91 chez l'éditeur, ou diffusion: CED/Distique)
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DRAMATIS PERSONAE
They call me Gianni
They call me Jim
But also Dominic
In both genders
In every guise
Whether it be Gianni, Jim or Dominic
In the present tense as in the past
First or third person
We're talking of the same person
With the difference that each one
Speaks in another tongue
confounding strangers
Claims the spiteful gossip
At times Gianni and Jim will be one and the same
At times they will oppose each other
Sometimes they might act as total strangers
And so it goes for both Dominics
The distance between them may be paper thin
Or else wide as the ocean
That which separates two languages
Or lies, mute, within the blood cells
DISSOLVING THE MASQUERADE
for some mysterious reason,
in the middle of the pedestrian square,
they felt their clothes loosen and fray
like dandelions caught by a storm
and, averting each other's eyes
as that mute and invisible alien
stripped them to the skin,
they suddenly stopped running about
in the middle of the square
never had there been such a sight
hands twirling like mad dervishes
hands that spun more swiftly
than the windmills of Friesland
hands which played legerdemain
for an unpaying and bedazzled audience
in the middle of the square
the people had all but vanished
leaving in their stead
the only possession they had
which could claim true authenticity
THEIR OWN BARE HANDS
in the middle of the square
there were long diaphanous hands
hands thick and veined as chipolatas
gnarled hands that cried for solace
craftman's hands mottled with splinters
hands whose fingers knew the printed word
so intimately, the whorls could be read in italics
and whilst all hands are pure and innocent
some of them, lovingly manicured
belonged to high class thieves
others, downy as a foal's nape
glinted with particles of cocaine dust
the birds that nested under the awnings of the square
feasted their eyes upon this choreography in Hands Major
twittering to their hearts' delight
as surely they must have eons ago
long, long before their biped cousins
had invented the art of masquerade
in the middle of the square
through the whims of gods
for a fraction of eternity
man had only nature to clothe his soul
L'ART DE LA MASCARADE
..
Pour on ne sait quelle mystérieuse raison
au beau milieu de la piazza
ils sentirent leurs vêtements s'effilocher
s'éparpillant aux quatre vents
comme des pétales de fleurs déssechées
s'éludant du regard, tandis que l'invisible étranger
les soumettait à ce bizarre et collectif effeuillage
ils cessèrent soudain de s'agiter
dans cette piazza jamais auparavant
ne s'était produit pareil spectacle
les mains se mirent à tournoyer comme de fols derviches
des mains qui fouettaient l'air avec une rage d'éolienne
mains de prestidigitateurs évoluant
devant une assemblée impromptue de badauds
médusés
la piazza semblait à présent soudain
désertée
ils s'étaient tous évanouis, laissant à leur place
le seul bien qui ne pouvait les trahir
un faisceau de main nues
au milieu de la piazza
se profilaient de longues mains diaphanes
des mains rougeaudes et veinées à l'aspect de chipolatas
des mains ratatinées hurlant leur solitude
ou d'autres encore dont les doigts connaissaient
les caractères d'imprimerie si intimement
que l'on pouvait lire en italique chacune de leurs volutes
et tandis que tout main est innocente et pure
certaines, lisses comme de la porcelaine
appartenaient à des voleurs à la tire
d'autres encore, duveteux comme la nuque d'un chamois
étaient pailletées de poudre de cocaïne
depuis les auvents et les marquises
qui surplombaient la piazza
les moineaux et quelques colombes
se rengorgeaient à la vue de cette chorégraphie
puis, comme par echantement
le concert muet en ut majeur à mille mains
fut accompagné de roucoulades et de gazouillis
comme l'on devait en entendre bien avant
que l'homme n'eût inventé l'art de la mascarade
.
LE GALBE DE TON CORPS
.
je voudrais te le dire dans toutes les langues du monde
mais aucune ne le peut mieux que la mienne
et puisque tu n'es plus là
c'est partout que je veux que tu sois
comme à présent, chez l'épicier italien
qui m'emballe ce morceau de parmesan
au grain juste ce qu'il faut de moëlleux
'piangente', comme tu l'aimes
en le laissant fondre dans la bouche
c'est le goût de ton aine qui me revient
tondo, tondo, liscio come una luna d'avorio
je voulais que tu t'en ailles quelque temps
tu m'as mal compris et m'a quitté pour toujours
seulement, vois-tu, tu avais oublié
que de ta peau j'étais affolé
et comme tu riais lorsque je chantais
les merveilles de tes courbes
and forever I shall savor the roundness of you
ce soir j'ai demandé au pâtissier
le biscuit de massepain nappé de chocolat dont tu raffoles
en rentrant j'en ai fait une bouchée
ce goût ineffable du galbe de tes seins
gold auf weiss, rund herum, wie deine feurige Augen
entre somme et veille, mes lèvres empreintes de ta liqueur
tandis que ma main couvre ton sexe
comme si Dieu ne lui avait trouvé d'autre dessein
las curvas suaves de tus pies
n'ayant pu résister devant ces chaussons de daim bleu
j'ai prié la vendeuse de les essayer
tu t'en souviens, celle qui a la même pointure que toi
elle me les a refilés pour une bouchée de pain
je pourrais continuer ainsi à l'infini
remontant jusques à la cîme de Babel
évoquer dans toutes les langues le galbe de ton corps
ce que je ferai assurément pour te rendre immortelle
''... Albert Russo est un gourmet du langage aussi bien que des langues qu'il accommode avec la virtuosité ou la langueur du
musicien, l'audace ou la minutie du peintre.'' Nadine Dormoy,
Europe Plurilingue
''... Le thème du 'sang mêlé', cette valeur métisse revendiquée par l'auteur et la révolte constante contre les barrières humaines s'alimente bien à cette source-là, poésie qui est toute entière un 'Emergency call', lutte contre le gel et le givre, images récurrentes de ce qui divise et fige l'histoire.''
Le Mensuel littéraire et poétique
FRANCAIS
Eclats de malachite
.
Éclats de malachite, récits et poèmes, Pierre Deméyère Éditeur, Bruxelles, 1971, 176 pages, épuisé
''... Il y a là une façon de conter qui va comme une rivière souterraine qui affleurerait de temps en temps pour replonger aussitôt. Pensée allusive, langue souvent trop chargée (comme cette nature tropicale dont vous parlez si bien), mots et images parfois maniérés, tout cela contribue à créer un climat chaud et blessé, un climat troublant. On ne l'oublie pas ... dès les premières pages, on sent un ton nouveau auquel on ne peut rester indifférent.''
Paul Willems
''... Ce livre est écrit comme un exorcisme et une confession, dans un langage proustien ... Tel quel, il est envoûtant et dévoile un talent certain.''
Jeune Afrique
''... Je viens de lire les deux volumes que vous m'avez envoyés et leur ton m'a beaucoup touché.''
Joseph Kessel
''... Je tiens à vous dire le plaisir que j'ai eu à lire ces pages à la fois difficiles, sensuelles et pleines d'humour.''
Pierre Emmanuel
PUISSANCE PIXEL
pour ces lèvres-vidéo, à mille saccades secondes
ton coeur bat la chamade
pour ces vidéo-gemmes qui s'effacent en un clin d'oeil
après s'être sournoisement mêlées aux contours de ta mémoire
et déposent au fond de la gorge ce goût de songe calciné
rêves-vidéo qui s'infiltrent dans tes artères
engendrant des rituels dont les mystères
demeureront à jamais enfouis, pareils à ces pensées avortées
qui se reflèteraient dans le palais des glaces
où tes propres clones surgiraient à foison
l'angoisse se refuse à la mesure
cependant que tu l'y contrains
lui opposant ta superbe indifférence
échangeant ton âme contre ce tracé en or plaqué
lequel s'évertue à épouser toutes les formes de la nature
en plus de celles de tes cauchemars
dans la rue, tu te demandes pourquoi
tout est soudain si statique
tandis que quelque part dans ta tête
souffle encore une tempête de désert
il n'y a pas si longtemps, devant ton écran TGD
tu te goinfrais de dés/infos avec en prime
le quart d'heure de pub et le téléfilm de la soirée
à présent ton bureau est bardé d'ordinateurs
et de gadgets à puces fabriqués
dans l'une des quatre patries où le tigre était roi
combien admirable a été ton recyclage
tellement admirable que tu as inventé de nouveaux adages
lorsque tu désirais ne pas être dérangé,
tu disais 'télé/ssez-moi donc!'
et aux enfants qui veillent tard
c'était 'allons, vidéo-dodo!'
oo db
db db
insatiable puissance pixel
xl xl ad
qui sans que tu t'en aperçoives
t'aura complètement TÉLÉVIDÉ
FRANCAIS
Le Cap des illusions
.
roman, Éditions du Griot, Paris,
1991, ISBN 2-907217-25-9, 128 pages, (tél: 42 77 50 01, fax : 42 77 90 65 chez l'éditeur ou diffusion: Harmonia Mundi). Traduction allemande de Franz Rudolf Woll et avant-propos de Hermann Kleber, à
paraître¨
.
'En Afrique du Sud, dans les années soixante, les Debeer, famille d'Afrikaner (colons blancs d'origine hollandaise ou huguenotte), se trouvent brusquement 'déclassés', passant du statut de Blancs à celui de Métis. Prudence, soupçonnée lors de la rentrée des classes d'avoir du sang noir, doit passer devant une commission médicale. Là, un simulacre de procès aux conclusions pseudo-scientifiques (analyse des ongles, de la chevelure, etc.), permet à la Commission de décider que la famille Debeer n'est pas blanche, et que, par conséquent, elle doit être déclassée. En vertu des lois sur l'apartheid, ceux-ci doivent changer de domicile, pour s'installer dans le ghetto sur les versants de Devil's Peak, non loin du Cap dit de Bonne Espérance. Ce roman, basé sur des faits réels, nous conte l'histoire de cette brusque et tragique déchirure. L'autre aspect du récit est la vision de la société sud-africaine et de l'histoire des Debeer, telle que nous la raconte Michaël, jeune Anglais venu passer ses vacances chez son oncle au Cap. Michaël s'éprend de Prudence, mais à cause de la loi sur l'Immoralité, l'amour des deux jeunes gens de couleur différente est impossible, car interdit.
''... C'est de l'apartheid qu'il s'agit ici, cette maladie honteuse de l'Afrique du Sud d'avant Mandela, ce racisme institutionnel, froid, aseptique et comme 'venu d'ailleurs'. Il constitue la trame d'un roman poétique, et tendre, et sensuel. Ces pages sont celles d'un poète blessé dans sa chair par les griffes d'une société bête et féroce.''
Vie Ouvrière
''C'est un roman excellent où la sensibilité le dispute à la qualité des descriptions dans la peinture d'un des plus graves problèmes humains de notre
siècle, le racisme.
''
Les Nouvelles Littéraires
FRANCAIS
Sang Mêlé ou ton fils Léopold
.
roman, Éditions du Griot, Paris,
1990, ISBN 2-907217-12-7, 264 pages, (tél: 42 77 50 01, fax : 42 77 90 65 chez l'éditeur ou diffusion: Harmonia Mundi) et France Loisirs, édition belge, 1991. Préface de Michel Fabre - traduction
serbo-croate, à paraître.
.
Au Congo belge, dans les années 50, Léo est adopté par Harry Wilson, américain en mal de paternité. Celui-ci et sa servante, Mama Malkia, opulente africaine au coeur d'or, comblent Léo d'affection. Bientôt, il va à l'école dans un établissement pour Européens. Le jeune métis, en proie aux moqueries de ses camarades blancs, se sent exclus, rejeté. Ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir. Il se noue d'amitié avec Ishaya, petit juif, qui devient son plus grand complice. Puis, il fait l'apprentissage de la vie. Entraîné par un copain plus âgé dans une maison close, il fait une désastreuse initiation amoureuse. Il apprend, lors d'une scène violente, l'homosexualité de son père adoptif.
Extraits: ''... Cher papa, Depuis quelque temps, je me pose une question, toujours la même et qui me tourmente. J'ai cru d'abord que j'aurais pu la garder pour moi et qu'elle se résorberait d'elle seule au fond de ma mémoire. Mais elle me donne maintenant des cauchemars. Une fois, tu m'as dis de t'ouvrir mon coeur si le doute m'assaillait. Je ne sais comment poser cette question et chaque fois que j'ai voulu t'approcher pour le faire, j'ai battu en retraite au dernier moment, convaincu que cela ne servirait à rien. Cependant, avec le temps, la question m'est devenue d'un poids insupportable, comme un boulet que je traîne, un boulet qui serait creux à l'intérieur. Comment expliquer? Il me manque ce je ne sais quoi que je ne parviens pas à définir. Jusqu'à une période récente, je me disais que je devais m'estimer heureux d'aller à l'école avec des camarades européens et de vivre dans une aussi merveilleuse maison. Mais les autres, papa, ne me traitent pas comme un Européen et je n'en serai jamais un. Ne suis-je pas à moitié congolais? Alors, pourquoi dois-je me sentir tellement étranger parmi les Noirs, à l'exception de Mama Malkia? C'est sans doute ridicule, mais hier soir, j'ai demandé à Dieu dans mes prières d'opérer sur moi un miracle. Oui, papa, j'aurais souhaité être uniquement d'une race, et non un café-au-lait. Je me sens, corps et âme, si inadéquat, si inachevé. Ce ne sont peut-être pas les mots justes, mais je suis sûr que tu comprends ce que je veux dire. Je pensais l'autre jour que ce serait plus simple pour nous si je disparaissais. Mais je suis un lâche, papa, j'ai peur de ce qui pourrait m'advenir, et il est vrai aussi que je ne voudrais jamais te perdre. C'est drôle, mais en écrivant cette lettre, j'ai l'impression que c'est une autre main qui tient la plume, un autre moi que je révèle pour la première fois. Serait-ce la voix de ma vraie mère, ou du père que je n'ai jamais connu? A qui est-ce que je ressemble? Il est certain que je n'entendrai jamais dire: 'Léo est le portrait craché de son grand-père américain.' Ne ris pas! Papa, est-ce que tu as quitté les Etats-Unis à cause de grand-père? Tu m'as dit, il y a longtemps, qu'il était pire d'avoir des parents qui ne vous aiment pas, que pas de parents du tout. Est-ce qu'il ... te hait vraiment? Aujourd'hui encore? A cause de ce que tu es? Est-ce que je ne me marierai jamais, moi non plus? Oh, papa, pardonne-moi, je ne sais pas ce qui me pousse à te demander ces choses-là. Tout est si embrouillé dans ma tête. Aide-moi à y mettre de l'ordre. Ce dont je ne doute pas, c'est que je resterai toujours, ton fils Léopold.''
''... Ce beau roman, dominé par Léo, jeune métis, traite en profondeur de la difficulté à vivre sa différence. Rare témoignage sur l'époque coloniale, Albert Russo décrit dans un style soutenu, des personnages sincères, des sentiments intenses. Un livre poignant, réaliste et fort. Une vraie réussite.''
.
''... Roman de toutes les douleurs et de tous les combats suscités par les différences qu'elles soient sexuelles, sociales ou raciales, Sang Mêlé n'est jamais tragique. C'est une incitation au courage: affirmer sa liberté, ne pas masquer la vérité, ne pas faire le jeu sournois de la culpabilité. Un roman fort, très bien écrit, un hymne optimiste.''
Hugo Marsan, journaliste à Gai-Pied et au Monde
''...Sang Mêlé est une exception ingénue à la règle qui veut que tout roman plongé dans l'Afrique subtropicale, par un écrivain blanc ou noir, en ressorte tropicalisé, taraudé de personnages pittoresques, parasité de mots luxuriants et infesté de passages incantatoires. Les phrases d'Albert Russo sont alignées au cordeau comme les rues d'Elisabethville. Le romanesque est l'élément naturel de ses personnages.''
Michel Cressole, Libération
ITALIANO
Versione italiana della "Sang mêlé" romanica : Vedere tabuli navigatore in cima, sulla sinistra « LIBRI IN ITALIANO » - “Sangue misto”
FRANCAIS
La Pointe du Diable
La Pointe du Diable, roman, Éditions Pierre Deméyère, Bruxelles, 1973, épuisé: première version du Cap des illusions
FRANCAIS
Mosaïque newyorkaise
Mosaïque newyorkaise, récit, Éditions de l'Athanor, Paris, 1975, 70 pages, épuisé
.
''... Albert Russo revient à la poésie avec ce récit où deux continents antagonistes, l'Afrique et l'Amérique se confrontent. L'Afrique, c'est l'enfance du héros, Adrien, la saveur d'un fruit pulpeux, la vie rude et primitive. L'Amérique, c'est New York aux 'flèches de béton qui réduisent le ciel en lambeaux'. L'aiguille du temps oscille entre deux âges, l'enfance et l'äge mžr, comme celle de l'espace oscille entre deux mondes, l'Afrique et l'Amérique. La magie des mots et des images l'emporte sur la logique. Mais qu'y a-t-il à comprendre dans l'absurdité d'un destin? dans la vie elle-même?'' Jean-Luc Maxence
FRANCAIS
Eclipse sur le lac Tanganyika
roman, Le Nouvel Athanor, Paris, 1994, ISBN 2-907069-19-5, 192 PAGES, (50, rue du Disque - 75013 Paris - tél 45 70 83 84, fax: 45 43 73 91 chez l'éditeur, ou
diffusion: CED/Distique)
.
''... Tutsis et Hutus y préfigurent la grande catastrophe déclenchée il y a peu. Passions érotiques et politiques s'y mêlent chez des personnages
issus de communautés diverses: grecque, italienne, belge, ismaélite, américaine, cherchant à profiter des rivalités tribales et des enjeux du pouvoir. Le personnage principal en est un certain
Dimitri Spiros qui fut, en réalité, exécuté le 30 juin 1962 pour avoir assassiné, sur ordre, le prince tutsi Ruego. Les tenants et les aboutissants de cette intrigue picaresque sur fond de lutte pour
l'indépendance au Rwanda et au Burundi se dévoilent par une maîtrise parfaite de l'art de la narration. Les senteurs, les couleurs, les paysages, les relations humaines particulières à l'Afrique
donnent une réalité charnelle aux nombreux personnages qui partagent avec le lecteur les sensations fortes et les amères réflexions. La vérité des situations, le naturel des dialogues, l'élégance,
l'humour, la sensualité des tableaux qui se succèdent, mais aussi la pertinence des questions soulevées. ''Nous ne pouvons qu'être universalistes, ou ne pas être du tout; c'est la seule alternative
pour l'avenir'', se plaît à dire le jeune Salim, brillant diplômé d'Oxford, rentré au pays pour son mariage. Mais sa fiancée, Dalila, est amoureuse du prince Ruego, démiurge de l'indépendance
burundaise, Ruego auquel elle doit renoncer parce qu'il est Noir et qu'elle est ismaélite... Reste une pleine réussite au plan littéraire dont la marque distinctive est avant tout un style. Style
fait de rigueur et de naturel, d'exubérance et de netteté, de lyrisme et d'ironie, style parfaitement harmonieux qui coule de source et qui vous porte comme une vague.''
Revue du Club des Lecteurs d'Expression française, publiée avec le Concours de la Coopération et du Développement et du Ministère des Affaires étrangères, Paris.
FRANCAIS
Oeuvres Collectives
- All stories, All kinds, comprenant de larges extraits de Mixed Blood or your son Léopold (version américaine de Sang Mêlé ou ton fils Léopold), TVR, Peninhand Press, USA, 1985.
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''... J'aime votre écriture, car dans un style policé vous exprimez des sentiments violents, faisant éclater des vérités terrifiantes. Vous dérangez sans en avoir l'air.'' James Baldwin
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- Who's been sleeping in my brain? Série américaine originale de Ripov, Anthologie bilingue allemand-anglais, Suhrkamp Verlag, Allemagne, 1987
.
- Snow Summits in the Sun, anthologie poétique,Cerulean Press, USA, 1988.
ITALIANO
L’amante di mio padre,
romanzo di Albert Russo - 132 pagine - Euro 12,50 -
ISBN 88-87323-58-5 pubblicato da Edizioni Libreria Croce (nella nuova collezione Hammam diretta da Mario Sigfrido Metalli) - via Madonna dei Monti,50 - 00184 Roma -
tel/fax 39-06 4746 780 - email: fabiocroce@iol.it - sito: www.edizionicroce.com
.
L'amante di mio padre , magnificamente tradotto da Mario Sigfrido Metalli, è la storia di un ragazzo ventiduenne che scopre in soffitta delle
lettere scritte prima della sua nascita e indirizzate a suo padre. L'autore delle missive era un uomo, l'amante appunto del padre. Incuriosito dalla storia, si mette sulle tracce di questo
affascinante 44enne, lo incontra, diventa a sua volta l'amante. Da qui si snoda la vicenda, ricca di colpi di scena, di sensualità, di mistero. Una sorta di giallo psicologico che rapisce il lettore
e lo immerge in una situazione del tutto nuova in letteratura. Albert Russo ha scritto circa 20 romanzi, ma con quest'ultimo riesce a esprimere pienamente la sua autentica vena. L’amante di mio padre
è un avvincente giallo dove erotismo e psicologia dei personaggi si mixano in un cocktail micidiale.
Albert
Russo, nato in Congo/Zaire, cresce in Africa, studia negli Stati Uniti e ora vive in Francia. Scrive in francese e in inglese poesia e narrativa, difendendo grandi cause come l’antirazzismo, le
libertà individuali e collettive. Tradotto e venduto in tutto il mondo, ha pubblicato in più lingue circa venti libri di grande successo, tra i quali Sang Mêlé , Mixed Blood (la versione inglese di
questo romanzo ha ottenuto negli USA il premio per la migliore opera di Fiction), Eclipse sur le lac Tanganyika , la serie di Zapinette , Futureyes , Le Cap des illusions . Hanno scritto di lui James Baldwin, Edmund White, Gille Perrault ed altri grandi autori, esaltando le sue doti letterarie.
Recensione di Antonio Veneziani
Attraverso una vecchia lettera e una foto, un adolescente scopre che suo padre da giovane aveva un amante. Sulle tracce di quest'oscuro personagglo in “l’amante di mio padre”, Io scrittore francese Albert Russo compone il puzzle dei destini di tre personaggi omosessuali creando un romanzo di folli passioni e scene erotiche. Il figlio e l’amante del padre diventano amanti a loro volta. Con stile limpido e tragico, Russo esalta doti da romanziere nell'attento sguardo alla vita interiore dei protagonisti. Opera unica nel suo genere, pubblicata in Francia dall'editore Athanor, ha riscosso un grande tributo di pubblico e di critica, sottolineato dalle importanti e positive critiche di scrittori come James Baldwln, Edmund White, Gilles Perrault. Albert Russo, nato in Zaire da padre italiano e da madre inglese, cresce in Africa, studia negli Stati Uniti; ora vive in Francia. Scrive in francese e in inglese poesia e narrativa, impegnato sul fonte delle grandi cause antlrazziali, delle libertà individuali e collettive, l'idea di un'Europa unita. Tradotto e venduto in tutto il mondo, ha pubblicato in più lingue circa venti libri di grande Successo come "Sang mele”. “Mixed blood", versione inglese, ha ottenuto negli Usa il premio per la migliore opera di fiction. "Ecllpse sur le lac Tanganyika", "Zapinette", "Futureyes", “Le Cap des Illusions”, sono alcuni dei suoi titoli, di successo internazionale. Costato all'editore per i diritti di traduzione 25.000 euro, "L:amante di mio padre”. (Fabio Croce editore,150 pagine, 13.000) è il primo che vede la luce in Italia. Tradotto da Mario Sigfrido Metalli, è inserito nella nuova collana omoerotica Hamrnam della Fabio Croce.
Schemering over het Tanganjika
meer
Published by Element Uitgevers, in Holland, in 1996
Kaleidoscope,
Recueil de poèmes en anglais,
The Plowman, Canada, (Box 414 - Whitby, Ontario, L1N 5S4, Canada ou chez l'auteur) 1993, ISBN 1-55072-252-2, 30 pages
''... Dans le poème qui porte le titre de l'ouvrage, l'auteur s'interroge sur les derniers moments de la vie, pendant lesquels surgit, l'espace d'un court instant, l'illusion de la maîtrise du temps. 'What is unnatural' nous fait retrouver le Russo grand pourfendeur des comportements conformes et mesquins. A lire donc cet ouvrage, non seulement pour sa langue remarquable, mais aussi comme un nouveau message d'un écrivain qui se veut autant original que confraternel.'' Le Mensuel littéraire et poétique.
ENGLISH
Beyond the Great Water : The Collected Works of Albert Russo, Volume One
1-58345-741-0 hardcover 192 pp. $18.95; 1-58345-742-9 trade paperback $13.95
For the first time ever, Albert Russo's award-winning short stories, essays, and poetry are brought together into a comprehensive collection. This volume includes his stories of Africa, and his mainstream fiction.
Unmasking Hearts: The Collected Works of Albert Russo, Volume
Two
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1-58345-746-1 hardcover 176 pp. $18.95; 1-58345-747-X trade paperback $13.95
.
For the first time ever, Albert Russo's award- winning short stories, essays, and poetry are brought together into a comprehensive collection. This volume includes more of his mainstream fiction, and essays.
The Age of the Pearl: The Collected Works of Albert
Russo, Volume Three
1-58345-751-8 hardcover 200 pp. $18.95; 1-58345-752-6 trade paperback $13.95
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For the first time ever, Albert Russo's award-winning short stories, essays, and poetry are brought together into a comprehensive collection. This volume includes his science fiction and fantasy stories, and the popular Ripov series.
Mixed Blood
Albert Russo 1-58345-050-5 hardcover 212 pp. $18.95; 1-58345-051-3 paper $12.95 (Literary Fiction)
Reviewed in Small Press Review
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A moving novel set in the Belgian Congo on the eve of Independence.
Leopold, an orphan of ‘mixed blood,’ is adopted by a lonely American who tries to fit in with his adopted society. Leopold’s new mother is the indomitable Mama Malkia, who has a fascinating story of her own to tell.
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PART ONE: YOUR SON LEOPOLD
INTRODUCTION
Léopold K. Wilson owned a drugstore on Main Street. It was at graduate school that he had met Isabel, a lithe, freckled redhead three years his senior. In spite of his brilliant results Léopold hadn't been eager to pursue a medical career, and the thought of remaining six more years in lecture-rooms and operating theaters exasperated him. He owed this tduty to his adoptive father, or thus he had believed until his path had crossed Isabel's.
Lissome, five foot eleven, with features modelled after those of a young pharaoh, Léo commanded respect. From his dark, almond-shaped eyes emanated a gentleness mixed at times with candor. That he was of mixed blood, a créole born in the Belgian Congo, didn't seem to affect his outlook on life. Yet beneath his polished appearance and good-humored nature a universe was concealed which nobody in his immediate surroundings, not even his beloved wife or his closest friends, could surmise.
Léopold K. Wilson is not a fictitious character. I grew up with him. But out of regard for Léo, I will not mention his real name and I shall refer to him only in the past tense. On this drizzly Fall day Léopold K. Wilson's customers found the drugstore closed. A piece of cardboard cut in the shape of a clover had the following inscription on it: "Absent till to-morrow morning due to exceptional circumstances. Thank you for your patience. The owner."
Léopold K.Wilson was pacing up and down the hallway in the maternity ward. His eyes shone with euphoric anticipation. He had spent a sleepless night. The event about to take place was for Léopold K. Wilson more overwhelming than that which swells the hearts of fathers-to-be, it was a miracle of sorts, a resurrection.
Whereas the three other young men in the waiting-room shuffled their feet and chain-smoked, Léopold K.Wilson kept striding along the full length of the corridor, eyes riveted to the ceiling, in a state of semi-trance. The nurse had to call his name several times and take him by the arm before he realized that the magic moment had occurred. She led him into Isabel's room. He cautiously walked over to the bed, caught a glimpse of the live bundle his wife was holding close to her breast and kneeled, burying his face in the pillow. A shudder coursed through his tall bent body and gave way to a convulsive sob. Isabel motioned toward the nurse to leave her alone with the baby and her husband. She stroked Léopold's frizzy hair and waited for him to look up. Then, very gently she lifted the infant so that his father could admire him.
* * *
Mama Malkia had been engaged in the service of Harry Wilson a week after the latter had settled in Elisabethville, Belgian Congo. Buxom and quite impressive, Mama Malkiawell deserved her name, which in Kiswahili meant Queen Mother. She had spent a good part of her life working in the city's few hotels where she had acquired a fair knowledge of colloquial French, a rarity for a Congolese woman back in the early fifties. In the midst of a conversation she would slip in a word or an expression taken straight out of a fashion magazine, deliciously unexpected. When something was not to her liking or when she deemed that M'sieur Harry became too fastidious she would admonish him in Kiswahili; if he went on nonetheless, she would rap out an oath with a gesture that said it all. She was a born organizer, and she cooked such succulent Belgian and local specialties that M'sieur Harry gave her a free hand in all matters dealing with the household.
Unlike most Europeans, rather than imparting orders to her, he would ask her advice.
She would scrutinize him for a second or two while working her jaws. Then, smacking her palms against her hips, she would say to him: "Don't rack your cudgel, Mama Malkia will do what's best. Time for you to go to the boutique. The boss should always show the good example."
Harry Wilson would stand on the threshold of the door somewhat perplexed, but Mama Malkia would briskly push him out of the house without further ado.
In the beginning Harry Wilson felt vexed that a servant should treat him so nonchalantly, and that she would not deign call him Bwana as was the custom in the Belgian Congo. He once passed her a remark but Mama Malkia didn't mince her words.
"Take it or leave it, M'sieur!"
One evening she told him point blank: " M'sieur Harry, you're not a ladies' man, hein? "
This time he got really exasperated. "Now you listen to me, la mama," he said in a trembling voice, "just take care of the house. The rest is my business. You people, of course, don't know anything aboutprivacy."
"Privacy," she muttered, pretending the word was indeed new to her. She had touched a sore spot, and for a whole week after the incident Harry Wilson tried to avoid speaking to her.
The following Saturday as he was squarely seated in his armchair, perusing the newspaper, Mama Malkia interrupted him. "Hé, M'sieur Harry," she chanted, "we won't stay at loggerheads with each other. Non, it's sooo ugly. You're the way you are. Doesn't bother me a wee bit."
A spark lighted up Harry Wilson's face. Then he began to cry softly.
Mama Malkia stroked his forehead as if he were a child who'd been scolded. He offered no resistance and felt like embracing her.
Instinctively Mama Malkia kissed him on the temple. She had to keep a certain distance from this man though, even if he was a foreigner, an Américain, and not a Belgian bwana. She also knew that he wasn't like the offer whites and that there were rumors in town about him. True, he was a bit awkward in his mannerisms, but he was nevertheless a kind person. More considerate anyway toward the indigínes than many Europeans she'd had to deal with. "
Ah, these whites," she would mutter under her breath, "they want to teach us their civilization, but what strange sicknesses they bring along."
The relationshipbetween Mama Malkia and Harry Wilson was quite uncommon. There grew between them a bond made of tenderness and connivance. In fact Mama Malkia had long since given up her living quarters at the cité indigíne located some ten kilometers away from Elisabethville's downtown area. She now occupied one of the guest-rooms at the end of the hallway, facing the kitchen. She could have used the servants' shack in the backyard, but it was Harry Wilson who insisted that she stay by him. Under no other circumstances would he have accepted to share his home with another person, be he or she white. But this was Mama Malkia: wholesome, frank, sometimes exaggeratedly so
and... spotlessly clean. In town the European bachelors usually hired male servants: a houseboy and a garden boy. No match however for that pearl of a Mama Malkia. Apana, ah! ah!
One day Harry Wilson said to her. " Mama, I shall soon turn forty, you know, and I wish to have a son."
The stout negress stared at him with a puzzled frown. What could he be cooking up this time? She had watched Europeans rave in very peculiar ways. And nothing they did really surprised her. But here she couldn't quite make out what went on in M'sieur Harry's head. Had he been a Congolese, she'd have sent him to a witchdoctor.
"Yes, Mama Malkia, and I want you to be the mother of my son."
"You've become mazimu or what?" exclaimed the African woman, turning her finger on her temple.
"No, no, not that," he reassured her, "it's a serious matter. But first sit on that pouf. You see, Mama Malkia," he pursued in a confiding tone, "I wish to adopt a mulatto child and I'd like you to go and choose him for me."
Her eyes as wide and roundas ever she asked: "You, with a café-au-lait?"
Then she regained her composure. "You're kweli serious, hein, M'sieur Harry!"
Harry Wilson moved his head in a slow-motioned nod. "We'll go together to the mission," he said, "and we shall take him home with us. But beforehand, I want you to see him for yourself and make sure he is healthy and very, very handsome."
Mama Malkia let along-drawn whistle escape her generous lips. "Muntu meupe has weird, weird laws," she muttered as though to herself, her thoughts trailing silently on.
One couldn't trust these white devils. They'd beget café-au-lait children by the dozen, abandon them, and all of a sudden other meupe, people with long beards and calling themselves missionaries in the service of Jesus Christ, would shelter and feed these very same watoto. Then you'd have an oddball like M'sieur Harry here to want to adopt a mtoto, with no wife, no family to send him to. Ayay ay, mazimu wingi.
Thus it was that, after a short lapse of time, chubby mtoto Léopold entered the Wilson home, lighting it up with his mischievous honey-colored eyes.
The arrival of mtoto Léopold set tongues wagging all about town. Guesses sprang up in people's minds like wild flowers overnight. There were those who attributed it to a deep crisis of conscience in Harry Wilson. Others claimed that mtoto Léopold was the illegitimate child of Mama Malkia. Some even maintained that the boy was the fruit, heretofore concealed, of a brief affair between the negress and her employer, that she had bewitched him.
Infuriated by such gossip, and to shut them up once and for all, Harry Wilson decided to hang the certificate of adoption over the counter of his boutique. The gossip abated somewhat, though there were still those who questioned the authenticity of the certificate.
Kitoko Léo, beautiful Léo, as Mama Malkia soon nicknamed the child, must have been about three, so lively and precocious was he.
According to the birth registry, the boy had just turned two.
"Two my foot, they don't know what they're talking about."
Mama Malkia shrugged. "It's just to write something on the paper. He's well over thirty months' old. Trust an experienced Mama, M'sieur Harry."
When the schools reopened after the July/August recess, Harry Wilson registered Kitoko Léo at theMontessori section of the Institut Marie-José held by the Catholic Sisters. There, he believed Kitoko Léo would be somewhat tamed, for the boy was quite turbulent. But above all, the Sisters would teach him proper French and good manners.
Both Mama Malkia and the novice father adored the child, lavishing on him care and affection. However, their views on how to bring up the boy did not always coincide.
"I don't want to see Kitoko Léo eat with his fingers anymore." Harry Wilson told the negress in a reproachful tone, "nor will you blow his nose between your thumb and your index finger. Handkerchiefs have been invented for that purpose.
"And from now on," he added, "I shall be the only person in this house to address the child in French."
"How do you mean?" frowned the negress. There was a moment of embarrassing silence on Harry Wilson's part. He mustered up his courage and said, "It's just that your French...hum...well, it leaves something to be desired... sometimes. And that would be to the boy's detriment. But don't take me wrong..."
He didn't have to wait for Mama Malkia to retort. "Detriment, detriment, you're the detriment. What about your funny accent américain, mon dear M'sieur Harry!"
"True," Harry Wilson conceded," but my grammar is correct."
"And how will I show the child those civilized manners, hein?"
"In Kiswahili. It's his mother tongue after all, non?"
Mama Malkia stood non-plussed for a while. She then heaved a groan, leaving the matter to be debated.
" Whoever reads 'Mixed Blood' will be thankful to Albert Russo for having spared his readers a politically correct version of colonial Africa. Mr Russo's novel, set in the Belgian Congo in the fifties, evokes a very subtle balance between communities and between individuals. There are no noble savages, no brutal or inept Europeans, no racial or racist caricatures in the book, just people of different origins, outlooks or cultures, who quite simply do their utmost to come to terms with themselves and their lives in a specific context which is described as neither natural nor unnatural. The central character of the novel is Léopold, a young man of mixed blood christened by his adoptive father after the King of Belgium. But Léopold is more a pivot than a hero: he is constantly referred to and cared for, most of the banal or rash actions of the novel are performed in his name, but very little is revealed about him, his feelings or his ambitions.
Like the African décor of the novel the protagonist is taken for granted, and his omnipresence is what enables the reader to look about him and explore the world around, secure in the existence of a base in the story that can always be gone back to. Around this double pivot, several couples are at work, but never in an antagonistic fashion: black and white, man and women, heterosexual and homosexual, hunour and tragedy, science and literature, tradition and progress, freedom and exploitation, to quote but a few. Some of those couples create terrible tensions, animal confrontations, but they never come close to endangering the stable core of the pseudo family built around Léopold by his "father" and his "mother".
What makes Albert Russo's treatment of these two characters fascinating is that the family unit they create around the child is perfectly harmonious and profoundly happy- Their very difference (Harry is a white American homosexual and Mama Malkia, his servant, a black Congolese) makes them the perfect "couple" to fashion the nest in which Léopold, himself a metis, will grow, develop and become the fine young man he is at the end of the story. Their harmony is of course a metaphor for a country at peace with itself and a natural multiracial paradise, the proof positive that different peoples can live together.
Obviously, Albert Russo is not naive enough to believe such fine balance could last very long. MIXED BLOOD ends in death and turmoil, but his point is made. Ethnic groups can live together and leam from one another, and become beautifully balanced in the process. Two of the most interesting characters in the novel are two young boys Léopold meets and silently appraises, fully fascinated. Léopold's school friend, Ishaya, is an Italian Jew who looks like an Arab, speaks a version of Spanish at home, French at school and Kiswahili in the street.
The other boy, Piet, is more intriguing still: although nominally a Belgian, he only speaks Kiswahili with his parents and friends, one with the beautiful land he lives in. One of the most constant references in MIXED BLOOD is the comparison of Africa with a paradise, "at once lush and gentle", a land of plenty and of human kindness, whose natural development has been impaired by those Harry, who should know, calls "foreign devils":
"The Tshikapas and Mama Malkias of this country could give us, foreign devils, many a lesson. For they see us as peculiar animals behaving in the most outlandish fashion. I need only to watch Mama Malkia's reactions to realize how inept I sometimes must look. She doesn't bother with what we call politeness, often a disguise of hypocrisy really. The day they will have mastered our ways, we will have to be on our guard and start heeding them. Right now it's a sort of monologue we're indulging in, giving orders and being served."
Mr Russo's novel does not show us the way to re-establish a dialogue, it just clinically demonstrates what happens when one monologue accidentally confronts another. The set-up of MIXED BLOOD is the Belgian Congo because Albert Russo was born and brought up there, but what he describes is very close to what Chinua Achebe does in his short stories of post-colonial Nigeria, usually divided between a British or American-educated black bourgeoisie with positive ideas, and the common people whose roots are, as Mama Malkia's, linked with their ancestral land and beliefs.
In order not to overemphasize the clash of those different monologues, Russo has built his novel on the vety efficient device which Faulkner used with such genius in The Sound and the Fury: different parts of the story are entrusted to different narrators, shifting from one point of view on one trait or incident to another. Thus, the novel unfolds as an efficient and harmonious symphony of monologues, masterfully orchestrated." WORLD LITERATURE TODAY
James Baldwin's words to the author, penned the year of his death, after reading the first part of MIXED BLOOD: "I like your work very much indeed. It has a very gentle surface and a savage under-tow. With your permission, I will send the excerpts to a friend of mine, the wonderful novelist, Toni Morrison. She knows what you are talking about."
Edmund White, the acclaimed biographer of Jean Genet and author of 'The Farewell Symphony': "Albert Russo has recreated through a young African boy's joys and struggles many of the tensions of modern life, straight and gay, black and white, third world and first ... all of these tensions underlie this story of a biracial African adopted by a gay American. And MIXED BLOOD is a non-stop, gripping read!"
Preface to Mixed Blood by Martin Tucker, editor-in-chief of Confrontation magazine (LIU, New York), poet and biographer of Joseph Conrad and Sam Shepard: "
Albert Russo's work has many distinctive qualities. Mixed Blood is especially distinguished by Russo's startingly precise grasp of the historic period of mid-twentieth-century Central Africa. In this sense, his work bears twinship to V.S. Naipaul's A Bend in the River. Such a time no longer exists because one history has changed and another has happened, and still another is happening under our ticking hours. Like his predecessor Naipaul, Russo has captured the attitudes of his white colonialists, his black politicians of various hues of moderation and extremity, and painted a seemingless timeless portrait of a naive American Peace Corps volunteer. (Perhaps naivity is the one constant in the history of change.) Again, like Naipaul, Russo is compassionate and satiric, but unlike his British counterpart, Russo holds out hope that messages of goodness and idealism and decency remain within hearing, that they remain to be recorded in a different and deeper key in another time. Rooted in a past time, Mixed Blood has an undeniable relevance to contemporary time."
Collected Works / Oeuvres Collectives
- All stories, All kinds, comprenant de larges extraits de Mixed Blood or your son Léopold (version américaine de Sang Mêlé ou ton fils Léopold), TVR, Peninhand Press, USA, 1985
..
''... J'aime votre écriture, car dans un style policé vous exprimez des sentiments violents, faisant éclater des vérités terrifiantes. Vous dérangez sans en avoir
l'air.''
James Baldwin
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- Who's been sleeping in my brain? Série américaine originale de Ripov, Anthologie bilingue allemand-anglais, Suhrkamp Verlag, Allemagne, 1987
.
- Snow Summits in the Sun, anthologie poétique,Cerulean Press, USA, 1988.
Paiting the tower of Babel
recueil de poèmes en
anglais, accompagnés de photographies prises par l'auteur, New Hope International, Grande Bretagne, (20 Werneth Ave, Gee Cross, Hyde, Cheshire, SK14 5NL, GB ou chez l'auteur) 1996, ISBN
0-903610-18-3, 36 pages
.
''... Chez ce poète, chaque mot a sa place, la simplicité est de rigueur, chaque vers est transparent, mais en apparence seulement, car après une ou plusieurs relectures, l'on découvre les différents strates de cette oeuvre d'une profonde complexité. Hautement recommandé.''
WORLD LITERATURE TODAY
ENGLISH
Poetry and Peanuts
.
Masking Shadows
Lassitude of being alive haunts the fellow next door
I can read it on his half moons
whenever he walks down the street
He hates running errands
but that is the sole thread which links him to life
or the semblance of it
When our eyes meet he gives me a quick nod
even that gesture is painstaking
never accompanied by a smile
for a smile might bare a corner of his soul
and that may be the most dangerous
most lurid place in a human being
tis where small crimes are committed
without the cognizance of strangers
where one's own shadows become treacherous
it is a spot fraught with mystery and chimerae
To describe Albert Russo and his work is to enter into the realms of the exotic! He is a creature of many layers - and each of his poems gives us a tantalising glimpse of one of them, with who knows how many more to come. Albert the Onion! My main admiration of the man as an artist (apart from his undoubted talent and wit) is his ability to write fluently in English and French and I gasp in amazement at the fact that he speaks Italian, Spanish and German fluently and has knowledge of Swahili, Portuguese and Dutch. Most of us are still struggling to make the most of our mother language! He is also a writer of short stories and novels. Albert Russo - you must either love him or hate him. It would be impossible to remain indifferent!"
Shelagh Nugent - Editor, Cherrybite Publications.
"I have never met Albert Russo and yet, through his writing, I feel i have had that privilege. He possesses that rare
and enviable talent of being able to say what is important in a very few words. His contributions to the literary world are amazingly varied, reminding one of an intellectuel butterfly - able to flit
from one topic to another, but having first drained it of its essential qualities.
Russo speaks at all levels - a compulsive creator who is always (I speak for myself, of course) going to have something important, or different, or both to say. He tackles any subject matter with the
same enthusiasm by which his work suggests he lives. Certainly, he can never be considered squeamish!
His latest work, Poetry and Peanuts is proof of this. It's a collection which reaches into the very soul of contemporary living. While the images are well-observed, they are essentially poetic,
satisfying even the most literary heart's lust for colourful verbal epitomising. Here, one comes to grips with many contemporary problems, all beautifully observed and possessing the Russo hallmark
of subtle observation.
It's usual in a collection for one or two pieces to stand out above the rest, rather like landmarks on a lovely scene. Russo's variation and treatment of so many issues makes such selectivity
impossible; each poem is a gem in its own right."
Leigh Eduardo.
Venitian Thresholds
Recueil de poèmes et de nouvelles en anglais, Bone & Flesh Publications, US (PO Box 349 - Concord, NH 03302-0349 - USA ou chez l'auteur), 1995, 36 pages
.
''... Beaux poèmes emprunts d'une grande sensibilité. 'Remembrance of a corrected past': photo jaunie, douleur du temps qui passe, beauté de la femme qui se tient à côté de vous, cinquante années plus tard, elle seule est toujours belle. 'Venitian Threshold': l'après-guerre, dix ans après, quarante ans après la Shoah, les blessures des survivants des camps de la mort ne se cicatriseront jamais. Entre Bonn et Venise, la Cathédrale Saint-Marc, messe somptueuse, c'est alors que l'on devient athée. 'Mutterings of the heart': quelle est aussi cette pièce nue, sphérique, sans porte ni fenêtre, ventre maternel où sont enfermés un homme et une femme qui ne semblent guère se connaître? Univers clos de la non-communication. A lire absolument.''
Europe Plurilingue
Albert Russo, Anthology 1
Albert Russo 1, poèmes, nouvelles et roman, Légèreté Press, USA, 1987, 92 pages, épuisé Récits et poèmes ayant paru dans des revues et des anthologies en
Amérique du Nord, en Grande Bretagne, en Australie et en Allemagne (Suhrkamp Verlag). Version anglaise de Eclipse sur le lac Tanganyika
FRANCAIS
Zapinette Vidéo
Roman, Editions Hors Commerce, Paris (26, rue de Picpus - 75012 Paris - France tél: 43 41 77 93,
fax: 53 17 08 21), 1996, ISBN 2-910599-10-2, 216 pages. Avant-propos de Jean-Luc Breton
.
Zapinette Vidéo est âgée de 12 ans. C'est une petite délurée fin-de-siècle, goulue de jeux et d'ordinateur. Elle ne peut supporter Firmin, l'ami de sa mère, et s'affole lorsqu'elle apprend qu'elle va avoir un demi-frère. Elle n'a jamais connu son père et part à sa recherche avec son tonton adoré, artiste et farfelu, né en Italie du Nord dans la haute bourgeoisie lombarde, aujourd'hui modeste employé de la Poste. Ils feront ensemble un voyage en Italie à la recherche de leur passé. 'Zapinette Vidéo' est un roman à deux voix, celle candide et impertinente d'une fillette qui surfe sur la réalité virtuelle et rêve de gožter aux joies illicites de l'Internet et celle introspective d'un homme qui serait perdu sans sa nièce à ses côtés.
Extraits: ''... Qu'est-ce qu’il n’est pas bien dans sa tête parfois le pôv tonton. Comme tous les samedis après-midi, il est venu me chercher pour la promenade, il pleuvait que ça en ferait beugler les vaches les plus habituées. Tonton continuait de dire que c'était bon pour les agriculteurs, et les inondations ce n’est pas bon pour les escargots sans doute? Il aurait dž être un homard, tonton Albéric, surtout qu'il est rose comme cette bestiole. Mon cauchemar c'est d'être rapetissée comme dans le film et de devoir me défendre contre ce gougnaf des mers avec ses pinces exagérées. A les voir aussi effrayants dans les aquariums des restaurants - faut vraiment être timbrés pour les exposer comme ça, c'est pas des poissons rouges quand même ou des petites bêtes à bon Dieu - on se demande comment leur chair peut être si blanche et si tendre. Je sais pas pourquoi, mais quand j'en mange je pense toujours à la Vierge Marie et vous pouvez pas savoir le plaisir que ça me fait d'avoir l'impression à chaque fois de mordre dans la mère du petit Jésus, bien sžr, je ne dirais ça à personne, surtout pas au curé, car je ne voudrais pas être attaquée par la fatma religieuse comme ce pôv écrivain Saumon Rougi, seulement parcequ'il a osé blaguer à propos d'Allah et de Mohamed qui est son préféré, tout ça montre que malgré la télévision on peut plus s'exprimer librement aujourd'hui, d'ailleurs si ça ne cožtait pas si cher, je ne mangerais que du homard, matin, midi et soir.''
''... C'est inouï tout le plat que font les grandes personnes pour ce qui concerne la vie privée des gens. Et pourtant, je ne trouve pas tonton Albéric changé depuis que je sais qu'il est mot sessuel, il est toujours aussi bizarre et gentil qu'avant, ni plus ni moins. Bon, c'est vrai que je le regarde un peu plus souvent du coin de l'oeil, et ça doit lui mettre la puce à l'oreille, mais je ne peux pas m'en empêcher. Est-ce pour cela qu’il ne s’est jamais marié? Quoique maintenant, il y en a qui veulent se marier entre eux, en ayant, en plus, des enfants. J'ai vu un programme là-dessus à la télé, mais il y a plein de choses encore qui m'échappent. Comment ils font pour avoir des enfants, surtout si, à cause du sida, ils doivent mettre des capotes? Mystère et boule de chewing gum. C'est tout de même pas des kangourous. J'ai entendu Firmin dire qu'ils baisaient comme des phoques. Il m'intrigue, tonton Albéric. Faudrait malgré tout que je sois plus discrète, car je ne sais pas de quelle manière je le lui dirais s'il me faisait la remarque. C'est peut-être même parce qu'il est spécial que je l'aime bien, quoiqu'il ne soit pas toujours commode, le tonton. Ca ne doit quand même pas être facile d'être mot sessuel surtout que pour un oui ou pour un non on vous traite de pédé. Mais je dois continuer de faire semblant que je ne sais rien, même si ça me fait parfois mal aux dents de sagesse qui doivent encore pousser. D'ailleurs, je me demande comment les gens peuvent mentir comme ils respirent, moi, à force, j'aurais la mâchoire complètement décrochée...''
''... Ce livre est avant tout un exercice de style éblouissant, d'un effet satirique ravageur. L'auteur laisse libre cours à sa veine comique, à son invention verbale, à son ironie mordante, à son imagination poétique. Nous savourons au fil des pages une virtuosité de langage pleine de trouvailles, une dextérité dans les jeux de mots qui n'épargne rien ni personne, d'un effet comique désarmant et
irrésistible.''
Europe Plurilingue
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''... Ce roman hilarant est aussi un conte moral comme on en écrivait si bien au dix-huitième siècle. Votre Zapinette est un merveilleux personnage. Vous lui prêtez une langue cocasse, drue, d'une constante invention verbale. Bref, c'est un enchantement. Merci encore de m'avoir procuré ce grand bonheur de lecture.''
Gilles Perrault, auteur du 'Pull-over rouge 'et de 'Notre ami le roi''.
ENGLISH
Zany : Zapinette New York
Edition from Domhan Books
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The long-awaited sequel to the fantastically funny Zapinette Video is here at last!
Parisienne Zapinette, slightly older and wiser, but with the same hilariously wry outlook on the world, gets taken to New York as a Christmas treat by her much-loved and very flamboyant Unky Berky. In the city where anything can happen and probably will, Zapinette goes on a bizarre journey of self-discovery, as her whole world is turned upside down by a trip to Bloomingdale’s.
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Part I
So that I should forgive him all his latest shenanigans at the gay carnival in Paris, Unky Berky gave me the most wonderful news I’ve heard between here and Galactica: we’re going to spend Christmas in New York. So, yesterday morning, and since my teachers went on strike - they should do that more often - I accompanied him to the US Embassy to get him a visa. I don’t need one ‘coz I am both French and American, on account that my mother married a Brad McInnerny after she settled in Brooklyn. But even before I could say boo, that jaybird of a father ditched us, plonk, flying away to Amazonia or thereabouts, with no return ticket. And though my mother and I came back to France when I was a little girl, I still have a few memories of that period - some of them I make up, but that’s none of your business.
Gosh, the lines behind the tellers were so long at the Embassy, you’d believe outer spacers had joined the crowds and that they too wished to travel to the States (legally, not on flying saucers) - a few of the bozos here did look spaced out.
After having waited three quarters of an hour, I couldn’t take it any more, especially since the place began to look and smell like a refugee camp. There were all kinds of people around us, young folk with their rucksacks - some of them were real cute - weirdos carrying overstuffed bags, thinking maybe they were going to spend the night here, businessmen in their three-piece suits, sweating like a bunch of penguins struck by a heatwave, families composed of mothers, fathers and kiddies, accompanied by a granny or a nurse. A few la-di-ladies stood among them, in their Channel outfits, and I thought I even spotted a pair of models - no, it wasn’t Claudie Stiffer, nor Cinderella Crawfish. I don’t know how she got in there, but I also saw a gypsy woman, hopping from one group of people to the next, pretending she was on the wrong line, asking some gullible grandpa for information, while begging on the side.
When she approached me I pulled faces at her, trying to shoo her away. But she insisted, like I was the moron, which made me so nervous I bit my tongue and gave a little shriek. That’s when Unky Berky told me I should go outside and take a walk in the surrounding gardens, since the weather was beautiful. Ten minutes later I came back, ‘coz watching the bees gathering the pollen of flowers ain’t my thing, not like my uncle who can stick his nose into a rose, that’s a rose, that’s a rose - to use the words of Gerkin Stone -, for an unconscious amount of time, oohing and aahing, like he’s sniffing powder. The funny thing is that he gets high on this. It took us another half hour before our turn.
The guy at the teller looked like a cross between a slobbering doberman and a warthog, thank Goddess he didn’t have any tusks or incisors - though the warts were there -, ‘coz I could well imagine him biting off a piece of my poor delicate li’l neck. Checking the questionnaire Unky Berky had taken half an hour to fill in, he asked us a load of baloney questions, some of which sounded so inane, like if I was really his niece - he thought maybe I’d been kidnapped or something - that I had to blurt out my favorite expreshun: "Nannyty, Hector’n Tommy!" (the ladder is prettier than ‘hysterectomy’, you oughta admit, and, wash more, no one gets offended).
Then, with his unflinching big bad wolf stare, he growled: "I must see both of your passports!"
When I told him I was an American citizen and that I was just accompanying my uncle, he gave me the once over three times like I’d just escaped from the loony bin - he should’ve looked at himself in the mirror more often, ‘coz that kind of face would frighten even scarecrows. The moment Unky Berky showed him his passport, he huffed and puffed, knitting his brows and said, "The French don’t need a visa anymore to enter the United States."
I felt like twisting his disgustingly flabby ears and stuffing his hoggish nostrils with two mega corks. But I was also very mad at my uncle, damn it, to have us waste so much time at the embassy!
"Why didn’t you call them before?" I blurted out. "We could have gone to the movies during all these hours." When he knows he’s bungled, my uncle just blinks back at me like a stoopid puppet and ahems as if he’s never seen me before. Having been a postal clerk half of his life, maybe he’s used to people lining up for hours and mumbling slurs instead of asking clear questions - this is so typical of the friggin’ frog mentality. Thank Goddess my mother, who’s his sister, even though they’re like chalk and cheese (my uncle would be the brie type, soft inside out) has remained a staunch felinist - you’d better know we believe in female panther power, ‘feminism’ is too bland for the likes of us.
She proved it again lately by chucking out her last boyfriend, Firmin the vermin, on account that he indulged in sex swapping. She stands no crap from anybody, with the exception of her customers at the beauty parlor - what a cackling, hair-raising lot they are! - but that’s her business, and after all, she needs the money to maintain the three of us, including li’l Peter, who’s as cute as a lion cub. It’s hard to believe that Firmin the hyena is his father. How else could she afford to send me to the States?
Unky Berky hasn’t been back to the US since the time he was sent to high school there, staying with his uncle Luke in Brooklyn. His father wanted to toughen him up, but that experience had the reverse effect, for it turned him into a burnt out pussy that’s lost its whiskers. I was consequently very surprised when he said that we would be going to New York together.
"With you," he argued, "I’ll be able to exorcise my old demons and rediscover America with fresh eyes."
I was so happy I didn’t want to delve into the witcheries of his past or talk about the sigh-kayak-trysts he’d gone to when he was young and still very muddled about his setchuality. Nowadays even dogs get a taste of that Freudian mush, whether they like it or not. I’m thinking of the grey poodle I saw one day at the beauty parlor whose owner fed it tranquilizing biscuits, on account of it got a nervous breakdown after they’d moved into a new apartment in the posh neighborhood of Parc Monceau. The lucky bitch, I’d’ve jumped for joy. But it seemed to prefer its old smelly quarters, heritage or no heritage. It looked as stoned as a sphinx, except that its eyes rolled every once in a while, counterclockwise, glowing like two bloated fireflies. It really gave me the willies, ‘‘coz they seemed to want to hypnotize me, and I had to find an excuse to leave.
When Unky Berky told my mother he was going to book two seats on a TWA flight, since they offered the best Christmas bargains in town, she almost jumped out of her skin, like she’d been electrocuted.
"Oh no, you won’t travel with that company!" she exclaimed, "I don’t want to be called at two in the morning and then asked to fly to some godforsaken place on the coast of Newfoundland, trying to verify your remains in the midst of the aircraft’s debris."
He tried to reason with her and said: "But Laura, dear, plane crashes are extremely rare occurrences. Maybe one in ten thousand , and the case you’re referring to, which is already a few years old, was probably caused by a terrorist bomb. It just happened that it was TWA. Call it bad luck or destiny."
She listened to him for several minutes, twitching her nose. But my mother doesn’t give up so fast. When he finished, she said in a low tone of voice like she’d just swallowed a whistle: "I’m superstitious. You will have to choose another airline. And besides, TWA’s food really stinks. Everything’s overcooked, especially their chicken. You’d think they were serving pig’s feet."
My uncle stared at her for a while then turned to me with his big goggly eyes - he looked like a forlorn old karibou, expecting a handout. I didn’t know where to hide ‘‘coz with all their talk of disaster and mid-air explosions, I wasn’t sure any more that I wanted to go to America, whether it was with Daffy Duck Airways or even with the Batmobile.
Then, in his mousiest tone of voice he said, "As you wish, Laura. Tomorrow, during my lunch break I’ll go ask the rates at Air France."
The next day, Unky Berky came back with a cartonload of brochures on the Big Apple and the Tri-State area, ‘coz he figured that we might also spend some time in a beach resort called Ocean Grove, out in New Jersey, on account of him having been out there when he was a teenager and kept delicious memories of the place, with lots of old wooden houses, freshly cooked fudge (yum-yum ...) and dainty flowers - there he goes again, no wonder he ‘s so weird.
My uncle’s so persnickety that he insisted I start learning the map of Manhattan, as well as the subway and bus routes, in case I should lose sight of him and want to get back to our lodgings. He’s too stingy to offer me a cab ride. He forgets that I lived in New York when I was little - ok, it was in Brooklyn, but my mother did take me to Radio City Music Hall to see the Rockettes and I also remember the skating rink at Rockefeller Center, going to Washington Square, and so on.
My new homework included memorizing the address of the place where we’d stay at, the nearest police station, the Fire Station, and even the neighborhood hospital, for crying out loud. I’ll have to look out not to break my neck or my ankle, ‘coz with such dire warnings, something is bound to happen.
While I was racking my brains, he wrote down on a piece of cardboard the size of a double credit card, all this information for me to keep in my wallet. He harassed me so much with these details - not setchually, you perverts! he would never - that I blurted out, "If I fall off a skyscraper, I want you to have me incinerated, then you will get hold of Leonardo DiCaprio and ask him to spread my ashes over the Atlantic, exactly where Titanic sank, ok, ‘coz as a loving fan, that’s the least he could do for me."
At first, he stood there, gawking at me, non-pussied, dumb and founded, then he burst out laughing and said: "Oh, Zaperetta! You sure are no ordinary little girl."
Now, let’s be clear about this, my official name is Esmeralda T. McInnerny, Esmé for family and friends (you’ll have to earn my confidence before you can call me that). Zaperetta and Zapinette are the nicknames my uncle gave me - there’s also Zaperooney, but it sounds too ridiculous for words, so pretend I never mentioned it - on account that I’m an Internet-cum-television buff, and he owns the copyright to those two monikers - which have nothing to do with Monica Lewd’n kinky -, so watch it before using these.
I suppose you oughta be filled in a little on my uncle’s background. His real name is Alberico Binetti. He and my mother were born in Monza, Italy. They were both sent to America to study, but my uncle was very unhappy there, as I already told you, and after my grandparents died in an auto accident, he preferred to settle in France where setchual minorities can do their shtick without being overmolested.
Another thing I’m warning you about, if you are a racist or a gay basher, I’ll stick needles into my vodoo doll and you’ll get swastikaed all over your body, a trick I’ve learned from the father of a Guinean friend at school who’s a witch doctor.
Li’l Peter is such a darling, I’d nibble at his ears for hours on end. He keeps asking why he can’t come with us to ‘Amelia’. In his little head he probably thinks we’ll be traveling on a hot-air balloon in the shape of Amelia the Cow, his favorite cartoon. When we tell him he’s too young to accompany us, he pouts, then answers, "Naughty Amelia, I won’t talk to her anymore."
Now it’s my mother who’s bugging me with mountains of recommendations. "Don’t ever go out alone in the streets, even if it is to buy liquorice or M&Ms at the corner drugstore. And since you’ll be residing in Soho, stay clear of the hobos, the weirdos, and all the fake artists who shoot themselves with cocaine. I don’t care what the papers say about Mayor Giuliani being tough on criminals. A serial killer was reported roaming in Central Park this month."
Where’s all the courage she had when we were living in Brooklyn? Maybe she’s been brainwashed by French television, showing only the bad things that happen in America, like those two nerds who gunned down sixteen students in a Colorado school - between you and me, that episode gave me the jitters. Goddess all Mighty, if I were to become President of the United States one day - don’t get sarcastic now, ‘coz it might very well happen, thanks to us felinists - I would ban all the country’s firearms, except for the police and the military, and would fine anybody who’d possess one up to a million dollars. As for ole Charlatan Heston who thinks rifles are the coolest thing on earth, I’d also ban every one of his prehistoric films, and the day he kicks the bucket, he’ll head straight for hell, not posterity.
Talking about violent movies and stuff, I wasn’t going to remind her how much I looove the X Files TV series, starring David Duchovny. He looks like a Labrador puppy, with his big round eyes and that dimple in the middle of his chin - and the beautiful Gillian Anderson. Poor thing, he must feel terribly frustrated, ‘coz it doesn’t look right that those two don’t fall into each other’s arms, at least between inquiries. She always has such an icy stare as if to remind him that he shouldn’t even hope of having an affair with her. As an actress, I don’t know if I could resist, but if I were successful and had to act with different guys and that they were handsome, on top of it (yum-yum ... Keanu Reeves, double yum yum ... Brad Pitt) I’d probably have to be extra careful not to fall in love, ‘coz I’d suffer a heart attack at the end of each film.
I just can’t believe that actors don’t feel anything when they kiss each other during the lust scenes. I hope they brush their teeth before doing it, ‘coz some mouths stink like sewers.
I take Unky Berky to the movies twice a week (it’s not the other way around, since I’m the one who picks the films) and we see all the new French and American releases, but also those from other countries, likeCentral do Brasil which is the story of an orphan who lives in Rio de Janeiro and the old lady he bugs so much she is forced to adopt him. It was sad and funny at the same time. What a strange pair they made!
There was one point when she’d had enough of the boy and told him to go get lost. He answered back: "Right, I don’t know why I’m wasting my time, staying with an ugly, stinking witch like you." And he ran away before she could slap him. But they always got back together.
My uncle says thank goodness the French Monastery of Culture subsidizes so many local productions, otherwise we’d be in the same situation as our neighbors, who are quasark colonized by the Hollywood mowglies. He also complains that it is because of them that the American public cannot see most of our French films, no to mention the rest, and that they are such ignoramuses - I pinch him hard when he says things like that, ‘coz I feel partly insulted, even if I’m also a petite Française . He goes on bragging that they oughta be grateful for the Cannes Film Festival where they have the opportunity of showing their stuff year after year, even when it sucks.
He insists on seeing the films in their original version and, of course, the foreign ones are subtitled, which give me a headache, ‘coz even when they’re in English, which is my fatherly tongue, if you remember, I automatically look at the subtitles and this exercise twists my brains like I’m zapping at 100,000 bauds per second. Now, when you go to the movies, it’s supposedly to be entertaining and not to get algebraic.
On account that I accused him of being a computer illiterate, adding that he might catch alka-seltzer’s disease and turn into an intellettuce, my uncle now goes to evening classes every Thursday and he’s also learning how to use the Internet. But he’s so slow and dumb’n founded, I don’t have the patience to play his mentor, even when he says: "Zapinette, you’re so good at it, please explain this to me ...".
That may be why he wrote "C.H.I.P.S. & Ripov", another of his little stories he invents during breaks at the Post Office or very late at night when he can’t sleep.
The day little Daphne was bom, Ripov saw the world in a new light. He never imagined that fatherhood could be so totally, so delightfully, engrossing. He had eyes only for little Daphne, to the point where he became oblivious to the baby's mother who, feeling neglected, dejected, then utterly disgusted, decided to leave the household.
A staunch believer in progress, and having read extensively about the marvels of computer education, Ripov sent baby Daphne to computergarten even before enrolling her at the Teenie Weenie Swimmers Club. The results were stunning and the days seemed to be made of twenty-four minutes apiece.
At age one, little Daphne could count and read Pascal. At two she spoke Spanish, Russian and Kangooreese. On the eve of her fourth birthday she was able to juggle with algebraic equations and survey the map of our galaxy, identifying novas.
She'd just turned six when she presented Ripov with a chart of the universe as it would appear a million years hence. So awed was Ripov by the extent of her learning capabilities and her powers of reasoning that he soon began to develop a complex. He consulted the famed Parent Clinic where he was told that he had contracted C.H.I.P.S. (Computer Hyper-Immunity Parental Syndrome), a disease so rarely encountered that even the most advanced computers refused to decode it.
Without being aware of it, Ripov began to ape his daughter. He would talk in a high-pitched voice and bob his head while smacking his lips. He wondered why all of a sudden in the street transvestites stole such lustful glances at him. To outsiders he acted as little Daphne's manservant. She never needed to lift an eyebrow nor raise her voice. Ripov waited on her hand and foot, anticipating her every whim. Little Daphne even managed to project him onto the videoscreen and cast him in her games as her referee.
Ripov floated in a sort of amniotic bliss. He would dream of little Daphne resting on a magnificent coral throne and surrounded by exotic fishes. She would address her Council of Ripov clones and devise new measures to extend her filial authority.
Ripov couldn't understand why his friends pitied him. "A maze of split personalities", they'd mutter.
"I'm the richer for it," he'd answer calmly. "Thanks to my darling little Daphne," he'd go on to explain, "I've rediscovered the importance of my genes and their megabyte memory. In a world where it is so fashionable to claim one's social status, religion or ethnic group, I have realized that I'm but a chip, albeit indispensable, in the cosmic network."
At this stage, Ripov suspected his friends of being envious. "They still believe they can act as their children's mentors," thought Ripov. To be taken care of and dictated to by one's own progeny, wasn't that the ne plus ultra, the key to happiness? Adult tyranny had, after all, wrought only havoc throughout the ages. That he appeared irresponsible didn't bother Ripov the least; on the contrary, he felt proud of it.
Little Daphne was now in perfect control of her father’s life, to the degree where she no longer reverted to conventional computers. She would snap a finger and immediately Ripov would respond. She tried all kinds of experiments on her slavishly obedient father. She'd make him bark or twitter to probe his varied and boundless potentiahties. Even as he'd crawl, Ripov would deliver the most sophisticated formula. To reward him, little Daphne would let Ripov munch as many potato chips as he wished, for even before contracting C.H.I.P.S., Ripov had been a chips freak.
And some people complain about their children being difficult. Oh, to be blessed with C.H.l.P.S.!
Guess who’s little Daphne! What an imagination he has, that uncle of mine, even if he’s a maze-o-kiss! But I won’t trade him for anyone else. Have I said that before?
Ever since I told my teacher I was going to spend Christmas and New Year in the States, she’s been whispering things to me in her broken English - she’s so cushy cushy that I’ve developed a rash, and doing it in Shake’ em Pears’ tongue, makes me feel even more uncomfortable. She’s always had a little crush on me, not that I mind, as long as there’s no rape involved. You know the latest? She’s just bought a pair of smoked Christian Dior eyeglasses, the better to goggle at me, thinking that no one else in the class would notice. Thank Goddess she hasn’t offered yet to coach me after school, though I’d be spared a lot of aggravation, ‘coz I really hate to do homework, that’s what they call a dilemma. I call it hard-to-swallow baloney, as if I didn’t have enough on my hands with a homey setchual for an uncle, that I should go into dyke business. Now, listen y’all, the fact that I respect my sisters of the fair and the third sex doesn’t give anyone the permission to violate my privacy, and that applies even more so to male buggers, capisce?
Another admirer of mine is Charlotte de Jerq, an aristocritter that’s shaped like a bean stalk and thinks that because Louis the Umpteenth had knighted one of her ancestors who tended to the Royal Pisspot - in those very smelly days it was an honor to assist to the king’s B&B (bladder and bowel) movements - she can badmouth every girl who’s a little prettier than her. With that Bourbon schnozzle of hers, she’d scare away even a raging Pit bull. One day she was getting so much on my nerves that I showed her an old comic book I’d found lying on my uncle’s bedside table, and told her she would recognize her twin sister in Popeye’s girlfriend Olive Oyl, but would you believe it, she was flattered, for crying out loud. She was goddam flattered! I still haven’t understood why she likes me; mystery, Hector’n Tommy, is what I say. Now that she too knows I’m going to America, she’s discovered all of a sudden that I look like Marilyn Monroe and can’t stop drooling over my blond locks.
Guess what that Jerq asked me. To hand a picture of her to ... Keanu Reeves, in case I should cross his path on Broadway, and she wants him to autograph it too. On the reverse side, she’s glued a portrait of the actor, like they were already betroththththed; fancy word for her, eh? Maybe she thinks: 1) that in America you can meet movie stars in the streets and they invite you over for coffee, as if they had nothing better to do (she forgot all about their bodyguards), 2) that Keanu Reeves would go bonkers over her ... telepathically - I didn’t tell her she looked like grandma wolf on that picture, especially with her mega wart stuck to her right nostril and her incipient moustache.
This is not all, she would like him to fix a date with her here in Paris, on account of her reading somewhere that he would be coming to the French capital soon for the launching of his new film. Her favorite magazines are ‘Heads over Shoulders’ and ‘High and Above’, where you can learn all the latest gossip concerning the royals, their lackeys, and the rich and famous. She loves to remind me how difficult it is to become an aristocrat, and mentions the case of Grace Kelly who, according to her had made it for three main reasons: she was extremely lucky, she was beautiful and she came from a very wealthy family. But she has no pity for Princess Stephanie, on account that the ladder had stooped down, marrying her bodyguard who, wash more, was caught in the nude with a Belgian stripper.
De Jerq also gave me money to buy her the whole X-Files video series in the original version, ‘coz she knows I have them at home. What a copycat! She speaks English like I speak Pandareese, with a heavy Chinese accent. It’s probably due to the spring rolls, which she gulps down for breakfast, ‘coz besides them, she hates Chinese food, claiming that in Oriental restaurants what they really give you is rat and dog meat instead of the chicken and pork that appear on the menu.
When I asked li’l Peter what he wished me to bring back from the States, he said, "A headdress full of beautiful feathers like the American Indians wear, because they’re the angels of Amelia, plus a leather bandanna with blue and green stones."
I could have eaten him alive, he was so cute.
My mom gave Unky Berky a long list of comestics she wants him to buy for her beauty parlor because they’re much cheaper than in France. Gosh, we’ll be loaded like the Magi’s camels who came to celebrate the birth of baby Jesus. That’s not even counting the stuff I intend to acquire for my precious self, like twenty video cassettes, at least the same number of CD’s, games, T-shirts, etc. Hey, charity begins at home.
CONTINUATION OF THE VISIT / SUITE DE LA VISITE